GB : Les mesures contre le terrorisme aérien ravivent l’acrimonie envers BAA

 
 
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Des voyageurs attendent à l’enregistrement de British Airways, le 11 août 2006 à Chantilly, près de Washington DC., aux Etats-Unis (Photo : Paul J. Richards)

[15/08/2006 17:02:16] LONDRES (AFP) Les compagnies aériennes britanniques risquent de fortes pertes après les annulations de vols survenues depuis jeudi dernier, et elles montrent du doigt l’opérateur BAA, avec peut-être des visées à plus long terme contre le quasi-monopole de celui-ci sur les aéroports du pays.

Aucune compagnie n’a encore officiellement estimé les pertes liées au chaos provoqué par l’entrée en vigueur de rigoureuses mesures de contrôle anti-terroriste à l’embarquement, mais selon la maison de courtage Collins Stewart, elles pourraient atteindre 75 millions d’euros pour British Airways (BA), plus grosse compagnie du pays, et 15 M EUR pour la compagnie à bas coût Easyjet.

D’autres estimations font état d’une perte similaire à celle d’Easyjet pour Ryanair, sa rivale irlandaise, alors que les deux compagnies n’ont aucune destination aux Etats-Unis, et d’environ 22 M EUR pour Virgin Atlantic, spécialisée dans les vols transatlantiques.

Le patron de BA, Willie Walsh, s’est fâché samedi contre BAA, qui possède notamment trois des quatre aéroports de Londres, Heathrow, Gatwick et Stansted, et vient d’être racheté pour 15 milliards d’euros par l’espagnol Ferrovial.

“BAA est incapable de fournir une procédure solide de fouilles de contrôle et d’enregistrement des bagages à Londres-Heathrow”, s’est plaint M. Walsh.

Mardi, BA a indiqué envisager “très sérieusement” de demander des comptes en justice à BAA, sans toutefois avancer un montant pour ses pertes.

Ryanair de son côté, qui opère essentiellement depuis Stansted, a mis en cause “l’inaptitude chronique de BAA à affecter assez de personnel à la sécurité” dans cet aéroport, et a dénoncé les mesures “insensées” de restrictions sur les bagages à main imposées par le gouvernement.

L’interdiction d’emporter plus qu’une petite mallette en cabine, qui pourrait se prolonger, selon le Financial Times (FT), va à l’encontre de la politique de Ryanair de supprimer progressivement les bagages en soute pour réaliser des économies à l’enregistrement.

Virgin Atlantic a constaté pour sa part que les compagnies aériennes, “qui payent BAA pour conduire correctement les opérations, commencent à se demander si celles-ci sont menées aussi efficacement qu’il est souhaitable”.

BAA, au contraire, a estimé que son personnel, parfois rentré tout exprès de vacances selon elle, “avait fait un travail magnifique et avait été en général en nombre parfaitement suffisant” en regard de circonstances “très difficiles”.

Le problème illustre la querelle permanente entre BAA et sa clientèle, qui juge excessifs les tarifs imposés par l’opérateur.

BAA a ainsi affiché l’an dernier un bénéfice d’exploitation égal à celui de British Airways, 710 millions de livres (1,053 mds EUR) contre 705, mais pour un chiffre d’affaires près de quatre fois moins élevé.

Selon un calcul publié mardi par le Guardian, la perte de 700.000 voyageurs ne coûterait à BAA que 7 millions de livres.

Parallèlement, selon la chaîne de télévision Channel 4, BAA aurait refusé en novembre de payer les 35 millions de livres demandés par la police pour la sécurité de ses aéroports en 2007/2008. BAA aurait exigé de se cantonner aux 26 millions qu’il verse actuellement tout en étant autorisé à répercuter les trois quarts du surplus éventuel sur les compagnies.

La clientèle, estiment plusieurs commentateurs, profite peut-être des perturbations actuelles pour souligner les défauts de BAA, alors même que l’opérateur fait depuis fin juin l’objet d’une enquête des autorités de la concurrence.

Or celles-ci n’ont pas exclu d’ordonner la vente de certains aéroports du groupe, favorisant ainsi la concurrence, donc une baisse des tarifs.

 15/08/2006 17:02:16 – © 2006 AFP