Italie : Prodi prend le tournant de la rigueur sur les comptes publics

Par : Autres

 

Italie: Prodi prend le
tournant de la rigueur sur les comptes publics

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Le chef de gouvernement
italien Romano Prodi (g) et le ministre des Finances Tommaso
Padoa-Schioppa, le 23 mai 2006 à Rome

Le gouvernement de gauche italien a dévoilé
mardi les conclusions de son audit des finances du pays qui confirment la
dérive du déficit public et annoncé qu’un collectif budgétaire était
inévitable dès cette année pour redresser les comptes.

 

“Un collectif sur le budget 2006 est désormais
inévitable et le gouvernement va s’employer à corriger le déséquilibre des
finances publiques et à ramener les comptes dans les limites des paramètres
européens”, a annoncé le ministre de l’Economie, Tommaso Padoa-Schioppa,
dans un communiqué.

 

Le déficit budgétaire, sans mesure correctrice,
atteindra 4,1% en 2006 mais il risque de dériver à 4,6% en raison
d’incertitudes sur les mesures d’économies prévues dans le budget en cours
et des investissements à consentir, selon les résultats de l’audit publié
par le ministère.

 

Les chantiers autoroutiers et de chemin de fer
risquent en particulier d’être arrêtés en cours d’année faute de nouveaux
financements qui n’ont pas été inclus dans le budget.

 

La situation est “grave”, souligne la
commission chargée de l’audit qui n’exclut pas de revoir encore les
chiffres.

 

Le déficit public en Italie a atteint 4,1% et
la dette 106,4% du PIB en 2005. M. Padoa-Schioppa s’est engagé cependant à
ce que l’Italie respecte son engagement de ramener son déficit public sous
les 3% dès 2007, renonçant ainsi à l’idée d’un délai supplémentaire d’un an.

 

“Le message est que nous sommes absolument
déterminés à respecter les critères du pacte de stabilité et de croissance”,
a-t-il expliqué au quotidien britannique Financial Times.

 

Le ministre présentera dans la soirée les
conclusions de l’audit aux autres ministres de l’Economie de la zone euro à
Luxembourg.

 

Il détaillera aussi à ses homologues les
premières mesures d’austérité annoncées lundi à l’issue d’un séminaire de
deux jours du gouvernement de Romano Prodi, à savoir une réduction dès cette
année de 10% des dépenses de chaque ministère.

 

En pratique, chaque ministre est prié de
réduire les recours aux sociétés de conseil, les dépenses de représentation,
les voitures de fonction et de limiter le nombre de ses collaborateurs.

 

“Je suis content de l’identité de vue qui se
crée dans le pays (…), et cela avant que le gouvernement ne prenne les
premières décisions nécessaires qui devront être courageuses et peut-être
impopulaires”, a réagi le président du patronat italien, Luca Cordero di
Montezemolo.

 

Le secrétaire général de l’UIL (modéré) Luigi
Angeletti, qui avait salué la réduction du train de vie des ministères, a en
revanche mal pris l’annonce d’un collectif budgétaire sans mesure parallèle
en faveur de la croissance.

 

“Le pays n’a pas besoin de correction
supplémentaire du budget mais de croissance”, a-t-il dit.

 

Tous les économistes attendent maintenant des
économies d’au moins sept milliards d’euros dans le collectif budgétaire.

 

“La réduction des dépenses est cruciale et il
s’agit de l’unique moyen de redresser les comptes publics. Les premières
mesures sont positives mais un collectif budgétaire portant sur un
demi-point de PIB, soit 7 milliards d’euros, dès juillet est inévitable”,
estime Marco Valli, économiste d’UBM (Unicredit).

 

Les moyens d’y parvenir n’ont pas encore été
détaillés mais les dépenses de santé, gérées par les régions, sont dans la
ligne de mire.

 

Le gouvernement doit aussi préciser son plan
d’action contre la fraude fiscale –estimée à 200 milliards d’euros par
Romano Prodi–, dont l’impact à court terme est beaucoup plus incertain.

 

 

© AFP 2006

Photo : Andreas Solaro