Le secteur aérien en guerre contre les coûts pour compenser le pétrole cher

Par : Autres

 

Le secteur aérien en guerre
contre les coûts pour compenser le pétrole cher

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Le directeur général de
l’IATA Giovanni Bisignani lors de son assemblée générale annuelle, le
5 juin 2006 à Paris

Les compagnies aériennes, qui étaient réunies
en congrès à Paris jusqu’à mardi, sont lancées dans une chasse aux coûts
tous azimuts pour atténuer l’impact dans leurs comptes d’un pétrole
durablement cher.

 

A l’assemblée générale annuelle de
l’Association internationale du transport aérien (Iata), qui regroupe 265
compagnies, le constat est sans appel : le secteur doit apprendre à vivre
avec les prix élevés du carburant.

 

“Le prix du baril restera élevé. La plupart des
analystes prévoient qu’il s’établira entre 60 et 70 dollars fin 2010”, a
averti mardi Xavier Le Mintier, directeur général de Shell Aviation.

 

Avec un prix moyen attendu de 66 dollars en
2006, la facture kérosène du secteur grimpera à 112 milliards de dollars,
soit un triplement par rapport à 2002, pour représenter 26% des coûts
d’exploitation, selon l’Iata.

 

D’où l’importance d’explorer toutes les pistes
pour réduire la note, tout en maintenant la pression sur les coûts hors
kérosène, que les compagnies ont déjà réussi à faire baisser de 13% en cinq
ans.

 

Parmi les options possibles, le renouvellement
des flottes avec des appareils moins gourmands en carburant. “Les nouveaux
avions disponibles offrent de sérieuses opportunités de réduire notre
consommation”, a fait valoir le PDG de Lufthansa, Wolfgang Mayrhuber.

 

“L’A380 utilise 12% de carburant en moins pour
transporter 35% de passagers en plus, avec des coûts d’exploitation réduits
de 20%”, souligne-t-on chez Airbus.

 

Les transporteurs s’efforcent parallèlement
d’alléger le poids des avions en les chargeant moins, et de diminuer la
résistance à l’air en les lavant régulièrement.

 

L’Iata travaille également sur l’optimisation
des trajets aériens. “Une minute gagnée sur chaque vol, c’est quatre
milliards de dollars d’économisés”, souligne le directeur général de
l’Association, Giovanni Bisignani.

 

L’organisation vient d’obtenir l’accord de la
Chine pour un nouvel itinéraire qui réduira les temps de parcours de 30
minutes avec l’Europe.

 

L’Iata conseille enfin aux compagnies de
limiter leur exposition aux risques de fluctuations des cours du pétrole en
réalisant des achats anticipés sur les marchés.

 

Certains se prennent même à rêver d’achats
groupés de carburant. “Nous pourrions suggérer à l’Iata de créer une
centrale d’achat, et d’obtenir des réductions tarifaires”, a lancé mardi le
PDG de Malaysia Airlines, Idris Jala.

 

L’initiative pourrait toutefois rester lettre
morte, en raison des législations anticartel. “Au niveau de l’Iata, c’est
impossible”, a tranché M. Bisignani.

 

Sur le front des coûts hors carburant, la
priorité de l’Iata est la disparition du billet papier au profit du billet
électronique, programmée pour fin 2007, qui doit permettre au secteur
d’économiser plus de 3 milliards de dollars par an. Un billet électronique
ne coûte qu’un dollar contre dix pour un billet traditionnel.

 

“Le billet électronique est notre fer de lance
pour simplifier les affaires”, a souligné mardi Philippe Bruyère,
responsable du programme.

 

Près d’un billet d’avion sur deux est désormais
vendu sous cette forme, mais la route est encore longue. Seules cinq
compagnies sont entièrement passées au billet électronique et plus de 50
n’ont toujours pas commencé à réfléchir au problème.

 

Autres pistes dans la chasse aux coûts :
l’enregistrement par les passagers eux-mêmes ou l’identification des bagages
grâce à des fréquences radio, qui évite pertes et indemnisations de
passagers mécontents.

 

 

© AFP 2006

Photo : Joel Saget