La fusion Arcelor/Severstal, un revers pour Mittal mais pas un coup fatal

Par : Autres

 

La fusion Arcelor/Severstal,
un revers pour Mittal mais pas un coup fatal

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Les principaux chiffres
de Severstal et Arcelor pour l’année 2005

En avalant le russe Severstal, le sidérurgiste
européen Arcelor gonflerait d’un tiers son capital et se doterait d’un
puissant actionnaire, de quoi selon les analystes entraver l’offre hostile
du concurrent Mittal Steel, mais celui-ci n’a pas encore perdu la partie.

 

“La bataille pour la prise de contrôle d’Arcelor
s’intensifie”, a résumé Michael Tappeiner, analyste de la banque allemande
WestLB, qui souligne qu’Arcelor et Severstal offrent une bonne
complémentarité géographique (Europe, Russie, Brésil) et proposent de créer
le numéro un mondial de l’acier fort d’une production annuelle de 70
millions de tonnes.

 

L’opération se ferait par le biais d’une
augmentation de capital d’Arcelor de près de 13 milliards d’euros réservée
au PDG et propriétaire de Severstal, Alexeï Mordachov. Pour payer son
entrée, M. Mordachov apportera les actifs de son groupe complétés d’un
chèque de 1,25 milliard d’euros.

 

S’il mène à terme ce projet, Arcelor pourrait
se mettre définitivement à l’abri d’un prédateur, estimaient les analystes.

 

Avec un capital gonflé de près d’un tiers et
l’arrivée d’un actionnaire détenant 32% de son capital, il deviendrait une
proie indigeste pour le groupe de Lakshmi Mittal, sans parler des problèmes
de concurrence que le rachat d’un tel mastodonte susciteraient.

 

Mittal Steel pourrait donc être contraint de
relever rapidement son offre pour convaincre les actionnaires d’Arcelor de
rejeter la fusion avec Severstal, sur laquelle ils seront appelés à se
prononcer à la mi-juin.

 

Pour Alfred Glaser, analyste chez CA Cheuvreux
“les chances de succès de Mittal s’amenuisent, mais elles existent”, et ce
dernier a “encore une chance de relever son offre pour l’emporter”. Mittal
avait déjà relevé son offre la semaine dernière, à 25,8 milliards d’euros
contre 18,6 milliards auparavant.

 

Là où le groupe de Lakshmi Mittal propose
maintenant 37,74 euros par titre Arcelor (un quart en numéraire et le
restant en actions Mittal), la transaction Arcelor/Severstal est fixée sur
une base de 44 euros par actions Acelor, soit 16,6% de mieux, une
valorisation jugée “plutôt satisfaisante” par Alfred Glaser.

 

Mais ce chiffre de 44 euros n’est qu'”une
valorisation de circonstance” fixée entre Arcelor et Servestal, “elle ne
signifie rien pour les actionnaires” d’Arcelor, a expliqué à l’AFP Gérard
Augustin-Normand, président de la société Richelieu Finance.

 

En effet c’est juste le prix utilisé pour
calculer la valeur de l’apport des actifs de Severstal à Arcelor en échange
de 32% du capital, et non un prix d’achat de leurs parts aux actionnaires d’Arcelor.

 

“L’offre de Mittal est pour les actionnaires d’Arcelor,
s’ils prennent le temps de réfléchir, généreuse, et c’est la seule offre qui
leur est faite aujourd’hui”, estime M. Augustin-Normand, qui pense que
certains actionnaires du sidérurgiste européen vendront leurs titres au
milliardaire indien Mittal, plutôt que de laisser un milliardaire russe
méconnu s’emparer de leur groupe.

 

“Je ne suis pas sûr que Severstal, ce chevalier
blanc comme on l’appelle, soit très blanc. Cette opération pourrait pousser
certains actionnaires d’Arcelor à s’intéresser à l’offre de Mittal, car ils
pourraient s’inquiéter de voir le cours de Bourse de leur groupe, qui a
reculé après l’annonce de ce rapprochement, revenir à la case départ”,
ajoute-t-il.

 

A la Bourse de Paris l’action Arcelor reculait
en effet de 4,08% à 32,67 euros, vers 13H30 GMT.

 

Mêmes doutes pour les analystes de Commerzbank,
qui jugent que “cette opération est inférieure à la combinaison
Mittal-Arcelor”, et conseillent à leurs clients d’apporter leurs actions
Arcelor à Mittal Steel, qui offre un prix supérieur de plus de 10% au cours
de Bourse actuel du sidérurgiste.

 

 

 

© AFP 2006