L’ATIC : ‘’Développer la culture du Capital Risque et les bonnes pratiques de la profession en Tunisie’’

Par : Autres
 

L’ATIC

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alayabettayeb1.jpgLes
Sociétés d’Investissement à Capital Risque (SICAR), suite aux encouragements
accordés par la législation depuis octobre 1995, et la suppression depuis
2003 des autorisations permettant leur création, ont vu leur nombre
atteindre aujourd’hui 40 SICAR, soit l’équivalent de l’ensemble des SICAR
dans le reste du monde Arabe. Cette association a été pressentie par quelques SICAR, d’une part, et par les autorités, d’autre part, pour organiser la
profession et créer un interlocuteur unique avec les autorités de tutelle,
le ministère des Finances.

 

M.
Alaya BETTAIEB, président de l’ATIC (Association Tunisienne des
Investisseurs en Capital), et Directeur Général de la Société de
Développement et d’Investissement du Cap-Bon (SODICAB), nous donne un aperçu
sur cette jeune association qui s’est fait déjà une place à l’échelle
régionale et même internationale après à peine une année et demi d’existence

 

Webmanagercenter : Parlez nous un peu des circonstances de la création de l’ATIC
?

 

Alaya
BETTAIEB :
L’Association professionnelle tunisienne des société
d’Investissement à capital risque (SICAR), telle que parue dans le JORT avec
son acronyme ATIC, est une association qui a été décidée par l’article 51 de
la loi N°80-2003 du 29 décembre 2003 (Loi des finances 2004).

 

Elle a
été officiellement fondée lors d’une assemblée générale constitutive qui a
regroupé la majorité des SICAR de Tunisie et ce le 27 février 2004 à Tunis.
Un statut a été approuvé et un président et 9 membres du conseil de
l’association ont été élus. L’Association est devenue de fait
l’interlocuteur de la profession avec les autorités de tutelle. Le premier
président de l’association M. Ali Khalbous, ex-PDG de SIDCO-Sicar, a eu le
mérite de constituer et démarrer l’association de zéro et rassembler les
confrères et consœurs dans une atmosphère très conviviale autour d’un
programme de réformes assez ambitieux. M. Khalbous est sorti à la retraite
au cours de
l’été 2004. J’étais élu comme son successeur le 28 octobre de la même année.
L’Association s’est fixé aussitôt comme premier objectif de développer la
culture du Capital Risque et les bonnes pratiques de la profession en
Tunisie, tout en continuant le programme de réformes pré-établi. Elle a
adopté officiellement le nom ATIC (Association tunisienne des investisseurs
en Capital).

 

Plus d’une
année d’existence passée sous silence, pourquoi ?

 

On s’est
donné, pour cette première année, l’objectif de mettre de l’ordre entre nous tout d’abord, et
joindre nos efforts par la suite. En effet, cette première année a permis de
briser les barrières de rivalité entre les confrères et/ou consoeurs, et
débattre de ses problèmes entre collègues, ce qui n’était pas du tout
évident pour certains. Ce qui a permis d’instaurer ne atmosphère de bonne
communication nous ayant permis de comprendre que notre destin est commun, nous
avons joint nos efforts pour proposer des solutions aux problèmes traités,
définir nos besoins en termes de formation en vue de développer des affaires
ensemble, etc.

 

Aujourd’hui, les responsables des SICAR travaillent dans une atmosphère très
conviviale : communiquent entre eux, nouent des affinités, syndiquent leur
financement, s’échangent des informations sur les bonnes et les mauvaises
affaires, s’entraident, etc. Ce que je considère comme un acquis très
important pour faire évoluer et avancer la profession dans la bonne
direction.

 


Quelles sont les réalisations de l’ATIC durant cette période ?

 

Nous
avons réalisé en novembre 2004, avec le soutien du ministère de tutelle et
l’appui financier de l’Union européenne un excellent programme de
formation, s’adressant aux chargés d’affaires des SICAR et aussi à leurs
dirigeants, leur permettant de se familiariser avec la culture du capital
risque, telle qu’elle se pratique par exemple en Europe. Le programme s’est
étalé jusqu’à la fin du mois de mars 2005, avec des séminaires,
des ateliers pratiques et du coaching. Nous considérons que ceci est très
important pour pouvoir développer un meilleur savoir-faire de la pratique du
métier et un professionnalisme reconnu facilitant toute alliance avec des
fonds étrangers.

 

Aujourd’hui, nous observons qu’il y a une prise de conscience de ces
pratiques étrangères par nos SICAR et surtout des enjeux de la bonne
gouvernance de la SICAR pour le bien de ses actionnaires et pour sa
performance et sa pérennité. Des demandes émanant de l’ATIC sont en cours
d’étude pour adapter quelques pratiques en Tunisie que nous espérons voir
figurer dans la loi des finances 2006.

 

Nous
avons aussi adopté le guide d’évaluation de l’Association européenne du
Capital Risque comme document de travail des membres de l’ATIC pour
l’évaluation des projets investis, ce qui aura pour effet de rassurer les
investisseurs internationaux et les mettront plus à l’aise dans leurs collaborations
avec les SICAR tunisiennes.

 

Nous
avons travaillé ensuite sur l’amélioration de l’environnement dans lequel
opèrent les SICAR. Nous continuons notre négociation relative à nos
problèmes de sortie que ce soit avec les promoteurs, à la Bourse, la
difficulté à faire adhérer les banques aux sorties à effet de levier LBO,
les exigences du CSI pour les sorties industrielles avec des entreprises
étrangères, les instruments de financement, les quelques difficultés avec le
FOPRODI ou le RITI, les fonds des fonds, les fonds off-shore, notre adhésion
au principe de la SOTUGAR, la Société tunisienne de garantie pour inciter
les SICAR à la prise de risque dans des projets à risque et amortir les
échecs de sorties.

 

Vous
voyez que c’est un chantier qui n’est pas facile, pour des questions de
procédure administrative et d’organisation au sein de notre association et
par faute de moyens aussi. Je précise ici que ces contraintes ne sont pas
propres à la Tunisie, au contraire, la Tunisie est prise comme modèle par
les pays Arabes et par les Européens au niveau de sa législation en matière
de capital risque. Il est à noter que des cadres du ministère des finances ont participé au
cycle de formation sus-cité et avec lesquels nous sommes en contact pour les
tenir au courant des évolutions du secteur en Tunisie et à l’Etranger.

 

Enfin et
afin de développer son réseau et se faire connaître dans le monde arabe et
les milieux professionnels méditerranéens et Européens, l’ATIC a participé à
la création de l’Association arabe du capital risque le 12 février dernier
au Caire et dont le siège est à Tunis. De même, l’ATIC à travers ses membres
notamment Tuninvest, est co-fondateur du Forum Euromed qui a regroupé
l’ensemble des opérateurs des pays du Bassin méditerranéen, et dont la
première rencontre a été organisée les 26-27 mai dernier à Lyon,  la présence
tunisienne était impressionnante. Nous avons pris part à d’autres
manifestations à l’échelle arabe à Dubai et à Bahrain, maghrébine à
Marrakech et à Alger et africaine, récemment à Mombassa (Kenya) et
prochainement à Johannesburg. Des manifestations qui ne peuvent que
contribuer au développement d’une bonne image du secteur.

 

Quel est le
plan d’action de l’ATIC pour les mois à venir ?

 

Nous
allons développer, j’espère avant mars 2006, un portail Internet pour
l’Association offrant un accès aux sites des sicar. Nous envisageons,
également, de
développer au sein du même portail notre propre bulletin électronique à
destination de nos membres, sponsors, associés, clients, et surtout les
jeunes entrepreneurs en Tunisie ou à l’étranger des nouvelles du secteur, et
surtout encadrer ces jeunes à bien se préparer à la vie de l’entreprise et à
une aventure entreprenariale souvent des plus passionnantes.

 

L’événement phare de cette année aurait pu être la célébration du 10ème
anniversaire de la promulgation de la première loi sur les SICAR le 30
octobre 1995. Nous avons voulu célébrer cela lors d’une journée prévue
initialement le 8 décembre puis reportée pour fin mars 2006, où on
présentera un bilan d’une décennie d’activité, et sera l’occasion pour approfondir notre
réflexion sur les perspectives du secteur dans les 5 années à venir. Nous
recourons pour cela à des experts locaux et européens appuyés financièrement
par le PMI pour finaliser l’étude du bilan et des perspectives, qui
incluront certes notre appui pour le programme présidentiel de création d’entreprises et plus d’emploi, et aussi notre soutien pour les projets
innovateurs et à haute valeur ajoutée technologique durant cette période.
Nous attendons depuis le mois de juin la confirmation de ces experts pour
fixer la date de cette journée, que nous espérons pouvoir maintenir pour le 30
mars 2006.

 

Un autre
chantier que nous allons attaquer en 2006, c’est le développement de la base
de données du secteur. En effet, nous veillerons à ce que le contenu du
rapport annuel de l’ATIC l’année prochaine soit similaire à celui du reste
des associations professionnelles similaires partout dans le monde, et fera
apparaître les statistiques du secteur et son impact sur l’activité
économique du pays, tel que son poids dans le PIB, sa contribution à la
création d’emploi, sa part dans l’exportation, sa part dans les dépenses
R&D, sa part dans le transfert technologique in/out etc. Le rapport sera
l’occasion aussi de faire apparaître les performances propres au secteur,
telles que les sorties, les alliances, les levées de fonds, les tendances
sectorielles… avec une analyse du passé et des perspectives du futur. Nous
comptons faire ce rapport conformément aux normes de la profession lors de
l’assemblée de 2006.

 

Nous
continuerons certainement et avec beaucoup d’espoir notre négociation avec
les autorités de tutelle pour apporter les améliorations nécessaires à
l’environnement dans lequel opère le secteur, et renforcer sa compétitivité
à l’échelle locale et régionale. La formation spécialisée continuera à être
une des activités permanentes de l’ATIC, pour laquelle nous aurons besoin de
sponsors.

 

Enfin,
nous allons nous ouvrir l’association à des membres associés tels que : avocats,
bureaux d’études, consultants, experts comptables, chercheurs-enseignants,
chefs d’entreprise, ainsi que le réseau des Tunisiens à l’étranger… pour
élargir notre réseau et le leur, et développer toutes les alliances et
synergies de développement de PME en Tunisie, et particulièrement
celles à haute valeur ajoutée.

 

Quel est votre
plan et objectif à l’international ?

 

Réussir
de tels programmes et faire face aux défis y afférents n’est possible q’avec
notre ouverture à la coopération et aux partenariats avec des institutions
similaires plus anciennes, qui nous permettent de s’inspirer de leurs succès
et d’éviter leurs erreurs. Bien que notre association soit jeune (18 mois
d’existence), nous sommes déjà en train de travailler sur un programme de
restructuration de l’organisation de l’association par exemple, suite à des
contacts que nous avons effectués avec nos homologues en Europe. Récemment,
une délégation de l’ATIC s’est rendue à Bruxelles et à Paris où elle s’est
entretenue avec des hauts responsables de l’European Venture Capital &
Private Equity Association, EVCA, la Belgium Venturing Association, et
l’Association Française des Investisseurs en Capital, AFIC. Nous pensons
déjà à développer un certain nombre de programmes avec EVCA, et pour cela,
nous allons solliciter des sponsors locaux et étrangers.

 

Nous
sommes en train de diversifier nos sources de fonds, avec les
bailleurs de fonds européens, la Banque européenne
d’investissement, les fonds arabes, nord-américains, et les
institutions de financement multilatérales, à travers une présence quasi
permanente dans les conférences régionales et internationales qui regroupent
les meilleurs spécialistes de la profession, et les décideurs de ces
institutions partout dans le monde.

 

En outre,
l’ATIC a développé des liens pour une assistance technique avec des
partenaires américains afin d’appuyer l’aboutissement des projets à haute
valeur ajoutée technologique. Il est à citer, dans ce contexte, l’expérience
réussie avec le département du commerce américain pour transférer
l’expertise d’évaluation de la technologie dans les projets innovants dans
le cadre d’un programme conçu spécialement pour la Tunisie et les pays du
Maghreb appelé : Assessment of Maghreb Innovation, qui parrainera
annuellement 5 techno-entrepreneurs innovants en Tunisie et similaires dans
le reste des pays du Maghreb.

 

L’ATIC
est aussi derrière l’idée d’introduire l’enseignement des études de cas de
PME tunisiennes à l’IHEC-Carthage avec l’appui toujours du département de
commerce américain et de Reansslear Polytechnic Institute à Troy NY.

 

Un autre
exemple est celui de la fondation arabe des sciences et technologies, basée
aux Emirats Arabes Uunis, qui offrent des subventions à des
techno-entrepreneurs tunisiens pour boucler leurs
schémas de financements.

 

Dans ces
deux cas, l’ATIC joue un rôle prépondérant dans le choix des promoteurs à
soutenir et des projets technologiques à étudier ou à financer.

Pour l’avenir, nous envisageons de renforcer et pérenniser ces programmes, en
identifiant au fur et à mesure d’autres partenaires financiers et d’autres alliés
technologiques pour notre pays.