Hassen Zargouni, président de l’ATUGE : De la compétitivité du secteur financier Tunisien ?

Par : Autres

Questions à M. Hassen Zargouni, président de l’ATUGE

 


hz_sigma.jpgLa 14ème édition de l’ATUGE sera axée cette
année sur les enjeux du développement du secteur bancaire et financier en
Tunisie. Pourquoi avoir choisi cette problématique ?

Lors des deux précédentes éditions du FORUM dont les thèmes étaient «L’entreprenariat de l’innovation» et «L’internationalisation des
entreprises», le secteur financier était toujours présent au menu des
débats soulevés. L’argent est le nerf de la guerre, et dans un marché de plus
en plus ouvert, la problématique du développement économique et de l’emploi
est indissociable du niveau de développement de l’environnement bancaire et
financier de l’entreprise. Aussi, le Forum de l’Atuge dans sa 14ème édition
s’emploiera à répondre la question clé : Quid de la compétitivité de notre
secteur financier ?

 

Les professionnels du secteur
financier et des entreprises donneront, lors des débats prévus dans ce
forum, leur vision sur les évolutions en cours et celles auxquelles on doit
s’attendre à moyen terme dans le paysage financier tunisien. De ce forum se
dégageront des propositions d’actions à engager aujourd’hui pour réaliser
les ambitions des professionnels du secteur et des entreprises en regard des
opportunités et défis actuels de notre économie et de nos entreprises.

Quels sont les différents thèmes qui seront
abordés au cours de cette journée ?

Sous le thème «Compétitivité du secteur financier tunisien», cette 14ème
édition du forum de l’Atuge réunira de grands noms du secteur financier et
plus d’une quinzaine d’intervenants de haut niveau autour de trois tables
rondes : la restructuration du secteur bancaire : pour que le secteur
bancaire soit un des maillons forts de l’économie tunisienne; la
dynamisation du marché financier : pour que Tunis soit une place financière
régionale reconnue et dynamique; le financement de l’entreprise : pour une
meilleure participation des secteurs bancaire et financier dans le
financement des entreprises tunisiennes.

Dans l’état actuel des choses, nos
banques sont-elles suffisamment outillées pour affronter la libéralisation
des services –inéluctable- qui pointe à l’horizon ?

La Tunisie est dotée d’un système bancaire relativement complet et
sophistiqué du point de vue institutionnel, et un taux de bancarisation
parmi les plus élevés en Afrique; on aurait tendance à croire que le système
bancaire se porte bien en Tunisie. Il en est autrement. Fragilisé par un
niveau élevé de créances douteuses, un retard dans l’intégration des TIC, et
une culture «bureaucratique» issue de l’étatique, le secteur bancaire passe
par une période difficile. Une réalité : le système bancaire tunisien est
dominé par les banques de dépôts, sa mise à niveau a été imposée par la BCT
et non par le marché. Aussi, les chantiers qui attendent les banques
tunisiennes sont : la diversification des produits, la modernisation des
systèmes d’informations,
la gestion des compétences et la réduction des coûts, en plus, bien sûr des
mouvements de privatisation et fusion-acquisition pour atteindre des
seuils de compétitivité.


Quelles sont les réformes
réglementaires et financières qu’il faudrait mettre en œuvre pour que Tunis
joue le rôle de place financière régionale ? Dans ce cas, quel sera l’apport
de l’ATUGE ?

Une décennie après la parution de la loi N°94-117 de novembre 1994 (loi
fondamentale sur la réorganisation du marché financier), le constat est
plutôt mitigé : d’un côté, une infrastructure réglementaire et
opérationnelle de tout premier ordre répondant aux meilleurs standards
internationaux de l’activité des marchés (Bourse Privée, CMF, Sticodevam:
assurant le dénouement électronique à J+3, Fonds de Garanti de marché,
système électronique de négociation, etc.) et de l’autre côté, un marché
qui ne joue pas son rôle de financement de l’économie (3.6% en 2004
seulement), une capitalisation boursière d’à peine 11% du PIB contre 55%
pour le Maroc à titre d’exemple.

 

Des volumes de négociation d’à
peine 1 million de dinars par jour contre 30 millions de dollars US pour l’Égypte.
La faiblesse de ces chiffres traduit une réalité, l’économie tunisienne
demeure une économie d’endettement, dominée par un secteur bancaire
omniprésent. Les causes qu’on pourrait avancer sont l’inexistence d’une
offre attrayante pour l’épargnant (quelle soit du publique ou du privée), et
l’inexistence d’une demande institutionnelle, hormis celle des fonds
étrangers.

 

Les perspectives d’avenir : les
experts en Tunisie s’accordent à dire que notre modèle de financement de
l’économie commence à montrer ses limites, les créances accrochées sont la
meilleure preuve de l’essoufflement de ce modèle qui est basé plus sur les
garanties présentées par le promoteur que le projet lui-même.


Un financement plus équilibré donnant plus de fonds propres à nos sociétés
serait la solution. Ceci passera par une ouverture de leur capital en
Bourse. D’autant que les pouvoirs publics ont accordé des avantages fiscaux
aux sociétés souhaitant aller en Bourse (20% d’ISE au lieu de 35% sur 5
ans).
 

Du côté des objectifs, ceux ci sont très prometteurs puisque les pouvoirs
publics veulent faire passer le financement de l’économie par le marché
financier de 3.6% aujourd’hui à 20% sur un horizon de 5 ans et avec plus de
100 sociétés cotées contre 45 aujourd’hui.


Les professionnels de la finance et les entreprises tenteront lors de notre
Forum Atuge 2005 de répondre à la question cruciale : Comment atteindre ces
objectifs ambitieux et attirer plus d’investisseurs vers notre marché
financier?

 


Tallel BAHOURY

 

 

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– 07 – 2005 :: 06:00  –  ©webmanagercenter