| 
    Par
     Mondher KHANFIR,Executive Manager
 
           Au-delà de la capacité à identifier des marchés à l’export, les professionnels
 Tunisiens du secteur agroalimentaire, qui ciblent l’Europe, doivent se
 conformer à des exigences de plus en plus strictes en matière d’assurance
 Qualité et Sécurité. Ces exigences peuvent devenir des barrières Ã
 l’exportation si elles ne sont pas prises en compte dans les stratégies de
 développement. Les entreprises tunisiennes doivent en outre maîtriser
 l’ensemble de la chaîne logistique pour garantir les meilleures marges et
 développer des avantages compétitifs pérennes.
     Ainsi, dans moins de 100 jours, les producteurs, conditionneurs,transformateurs et distributeurs de produits agroalimentaires tunisiens
 auront l’obligation, s’ils souhaitent exporter ou continuer à exporter, soit
 directement ou indirectement vers l’Europe, de se conformer aux normes de
 traçabilité telles que reprises dans le
 
 règlement CE178/2002 qui entrera en vigueur le 01/01/2005. C’est
 l’ensemble des filières agroalimentaires qui a besoin de se mettre à niveau,
 depuis le champ jusqu’à l’assiette.
     Rappelons que la traçabilité est un outil de la Qualité bien connu. Elle estdéfinie par la norme ISO 8402 comme étant l’aptitude à retrouver
 l’historique, l’utilisation ou la localisation d’un article ou d’une
 activité, d’articles ou d’activités semblables, au moyen d’une
 identification enregistrée. Elle permet de suivre et donc de retrouver un
 produit ou service depuis sa création (production) jusqu’à sa destruction.
     Concrètement, il s’agit de collecter l’information et de la consigner sur unsupport exploitable en temps réel, consultable et accessible à tous les
 acteurs de la chaîne logistique globale.
     La multiplication des flux des échanges commerciaux, ainsi que des risquesassociés tels les détournements d’origine, les non-conformités
 phytosanitaires, le bio terrorisme, les effractions aux lois sur les OGM,
 …rendent les contrôles techniques à l’entrée de l’Europe insuffisants. La
 traçabilité permettrait non seulement de s’assurer plus rapidement de la
 conformité aux normes alimentaires européennes, et surtout de retirer du
 marché les produits jugés à posteriori non conformes. Cette procédure de
 rappel exige de savoir à tout moment où se trouvent les lots de produits
 incriminés.
     La traçabilité et son corollaire, la sécurité alimentaire, sont unepréoccupation fondamentale des autorités sanitaires et du consommateur
 européen, devenu de plus en plus exigeant, surtout après la crise de la
 vache folle, des dioxines, …etc.
     Le règlement européen ne fixe pas les modalités; la seule exigence a trait àl’obligation de résultat. Cependant, du fait de la diversité des
 intervenants et des circuits d’approvisionnement et la nécessité d’assurer
 la continuité et la fluidité de l’information, un langage commun et une
 entente parfaite entre tous les intervenants de la chaîne
 d’approvisionnement s’avèrent nécessaire.
     En Europe, les entreprises ont réussi leur transition, grâce d’une part auxcontraintes imposées par les différents textes réglementaires relatifs Ã
 l’étiquetage, aux DLC, aux labels, aux restrictions sur les additifs et
 colorants…, et d’autre part grâce à la mise en place de système logistique
 performant, appuyé par des technologies de communication et d’information
 bien maîtrisées. Cela fait longtemps que les entreprises européennes ont
 compris que la concurrence n’est plus inter entreprises, mais plutôt inter
 chaînes logistiques.
     Pour les filières agroalimentaires tunisiennes, l’investissement pour une«mise à niveau globale» des systèmes logistiques (y compris les SI) peut
 s’avérer très lourd, alors que le compte à rebours a déjà commencé.
     La mise en place de la traçabilité demande du temps et ne s’improvise pas(délai pour homologation des produits phytosanitaires, pour le développement
 de l’outil informatique, …. Elle nécessite la mise ne place d’un système
 d’identification du produit et d’enregistrement des informations, ainsi que
 d’un système logistique intégrée (planification multi-niveaux, gestion des
 stocks, gestion des flux,…).
     La problématique complexe que pose la traçabilité est qu’elle dépasse lepérimètre de l’entreprise puisqu’elle couvre l’ensemble de la chaîne
 d’approvisionnement. Il n’y a plus de place pour un maillon ‘faible’ dans la
 chaîne. Pour réussir cette transition, il y a lieu de coordonner les efforts
 à travers un même «comité traçabilité» qui couvrirait chacune des filières
 agroalimentaires. Il y a donc un travail d’organisation à faire aussi bien
 dans les entreprises qu’au niveau de l’ensemble des intervenants de la
 chaîne logistique.
     La traçabilité, par son impact sur l’organisation, la culture et le systèmed’information est une contrainte de taille. Mais elle peut se transformer en
 opportunité si les filières arriveront à se conformer au règlement (ce qui
 suppose des investissements importants) tout en améliorant significativement
 leur rendement. Ceci est d’autant plus possible que la dernière
 étude de la Banque
 Mondiale sur la performance logistique en Tunisie montre des gisements
 substantiels d’économies dans des filières telles que les dattes et l’huile
 d’olive. Les mêmes causes engendrant les mêmes effets, il est facile
 d’extrapoler ce raisonnement à d’autres filières.
     Comme dans toute compétition, ceux qui ont anticipé et commencé très tôtleur préparation ont plus de chance de réussir. Pour les autres, ils
 pourront toujours se contenter des marchés moins exigeants… mais pour
 combien de temps ?
 Â
     Pour plusd’informations, visitez le site web de MKC-Consulting
 
      
    27 – 09 – 2004 ::07:00
 
                   ©webmanagercenter – Management & Nouvelles Technologies– Magazine en ligne
 |