Amine Ben AyedActeur historique du salon EQUIP AUTO, Misfat illustre la réussite industrielle tunisienne à l’international. Fidèle à son ADN, l’entreprise mise sur la pièce de rechange indépendante, un positionnement stratégique qui lui permet de rivaliser avec les grands noms mondiaux. Entre innovation, diversification et vision industrielle, Misfat incarne une Tunisie qui s’affirme sur la scène automobile mondiale.

Interview avec Amine Ben Ayed – DG Misfat – Salon EQUIP AUTO – Paris 2025.

Vous participez au salon EQUIP AUTO avec un stand à votre enseigne. Quelles sont vos motivations ?

Nous sommes un acteur historique du salon depuis vingt ans. Cela remonte à l’époque où nous participions en consortium avec d’autres équipementiers tunisiens. Depuis la création de la marque Mecafilter, que nous distribuons à l’international, nous tenons un stand sous notre propre enseigne.

À cette occasion, je vous informe que nous lançons une ligne de fabrication de filtres pour l’industrie. Cela nous conduit à participer à d’autres salons que ceux destinés à la mobilité. Je vous dirai que nous consacrons un budget important à nos participations. Mais cela reste plus économique que de se déplacer individuellement pour rencontrer chacun de nos prospects. En l’occurrence, nous faisons un tir groupé : nous recevons nos fournisseurs, nos clients et divers professionnels qui viennent établir des contacts.

De plus, en venant au salon, nous développons une vision plus claire de la profession. Nous nous informons sur les opérations d’acquisition, de fusion et de rachat en cours. Au final, cela nous procure une meilleure visibilité.

Comment structurez-vous votre offre ?

Nous avons une offre variée. Nous sommes présents sur le segment premium avec Mecafilter, puis sur le segment moyen avec Misfat. Nous sommes également en partenariat avec Lucas. Sans compter que nous assurons de la sous-traitance pour d’autres enseignes internationales.

Le salon est-il un marché ou une bourse d’affaires ?

C’est les deux à la fois. Nous y créons nos clients, nos fournisseurs, nos prospects, ainsi qu’un grand nombre de visiteurs intéressés. Le climat est propice au business : nous concluons des deals sur place, tandis que d’autres se concrétisent plus tard. Nous veillons à offrir un grand standing sur notre stand, ce qui donne plus d’éclat à notre marque et rejaillit sur l’image de la Tunisie. Il convient de toujours bien se comporter dans la mêlée concurrentielle internationale.

Première monte ou rechange : comment se positionne Misfat ?

Nous avons délibérément écarté la solution de la première monte, car elle comporte trop de contraintes. D’autant plus que les constructeurs achètent des systèmes entiers : ils ne recherchent pas un filtre de climatiseur, mais un système complet de climatisation. Or, nous sommes équipementiers et non systémiers. Nous avons donc opté pour la pièce de rechange indépendante, qui représente 90 % du marché à l’international.

Nous n’avons pas de constructeur automobile en Tunisie. Est-ce un handicap ?

Nous avons dépassé cet état de fait et avons construit une position de pointe dans la pièce de rechange. Avec l’Afrique du Sud, nous sommes les premiers fabricants d’équipements automobiles du continent. Nous avons su nous adapter à toutes les technologies embarquées dans la mobilité, ce qui nous place en première ligne face à nos concurrents allemands, américains et japonais.

Des enseignes internationales de premier plan s’associent à des équipementiers tunisiens afin d’exporter vers l’Europe. J’ajouterais qu’avec notre expérience et notre prédisposition, la Tunisie est l’un des rares pays en développement capables de développer sa propre filière.

De notre envoyé spécial à Paris ALI DRISS
WMC – Partenaire du Salon EQUIP AUTO 2025 & membre du Jury des Grands Prix de l’innovation