Paris, 6 octobre 2025 – Moins de 24 heures après avoir dévoilé son gouvernement, Sébastien Lecornu a remis sa démission au président Emmanuel Macron, estimant que « les conditions n’étaient plus remplies » pour exercer ses fonctions. L’Élysée l’a acceptée sans indiquer de successeur pour l’instant.
Un gouvernement déjà contesté
Lecornu avait présenté un cabinet de 18 ministres, dans lequel de nombreux visages étaient repris de l’ère Bayrou. Cette reconduction a provoqué des critiques immédiates, y compris de la majorité : LR a dénoncé le manque de rupture.
Bruno Retailleau, chef de LR, a jugé que cette composition ne tenait pas la promesse de renouvellement.
À gauche, LFI réclame la démission de Macron ; à l’extrême droite, le RN exige soit la dissolution de l’Assemblée, soit un départ du président.
Le naufrage institutionnel
Lecornu devient le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République, avec un mandat d’environ 27 jours.
Il est le cinquième à quitter Matignon depuis 2022 sous Macron, après Borne, Attal, Barnier et Bayrou.
Il a accusé les « appétits partisans » comme causes de l’« enlisement politique ».
Le président Macron dispose désormais de trois options :
- Nommer rapidement un nouveau Premier ministre,
- Créer un gouvernement de coalition davantage ouvert,
- Dissoudre l’Assemblée nationale et provoquer des élections anticipées — une issue risquée mais défendue par RN et LFI.
Sur les marchés, la nouvelle a provoqué une chute d’environ 2 % de l’indice CAC 40, illustrant l’impact immédiat de l’ouverture d’une crise politique majeure.
Compléments d’information
Crise structurelle depuis 2024
Depuis les élections législatives de 2024, la France est gouvernée par une Assemblée fragmentée : gauche, centre et droite extrême se partagent les sièges sans majorité claire.
Deux gouvernements précédents (Bayrou, Barnier) avaient déjà échoué sur les blocages budgétaires.
Promesses avortées de rupture
Lors de sa nomination, Lecornu avait assuré qu’il impulserait des ruptures « sur la forme et sur le fond ». Il avait déjà abandonné certaines mesures controversées, notamment la suppression de jours fériés. Il avait aussi proposé de revenir sur la méthode de calcul budgétaire controversée, en renonçant à un « scénario tendanciel » opaque.
Options constitutionnelles
L’article 49.3 de la Constitution, que le gouvernement peut user pour imposer une loi sans vote, était au cœur du débat. Lecornu avait déclaré qu’il ne l’utiliserait pas.
Les oppositions menacent de censurer le gouvernement ou de réclamer la dissolution pure et simple.
EN BREF
- Sébastien Lecornu a démissionné le 6 octobre, quelques heures après avoir présenté son cabinet.
- Il invoque des conditions politiques devenues infranchissables, notamment le refus de compromis partisan.
- Sa nomination très critiquée, notamment pour la reconduction de ministres anciens, a provoqué des réactions vives dans la majorité.
- Il devient le Premier ministre le plus bref de la Ve République, dans un contexte d’instabilité durable.
- Emmanuel Macron doit maintenant décider entre nommer un nouveau gouvernement, former une coalition ou dissoudre l’Assemblée.