Parce que l’histoire de l’économie éclaire toujours le présent, WMC lance une nouvelle rubrique rétrospective : « C’était en… ». Chaque semaine, nous replongerons dans les archives de Webmanagercenter, pour revisiter des événements économiques, sociaux et politiques marquants d’il y a 10, 20 ans ou plus. Avec cette rubrique, WMC se transforme aussi en mémoire vivante de l’économie tunisienne, en donnant une seconde vie à ses archives.
En 2003, la Tunisie vivait une période charnière. Le pays sortait de l’attentisme lié à la guerre en Irak, avec une économie qui montrait des signes de résistance, malgré un environnement régional instable. Les réformes économiques, l’essor des nouvelles technologies de l’information et la restructuration de fleurons nationaux comme Tunisair occupaient le devant de la scène. Vingt ans plus tard, revisiter ces archives éclaire les continuités et ruptures de l’économie tunisienne.
Start-up et nouvelles technologies : l’espoir du TITF
20 mai 2003 – « TITF : le fonds qui finance les start-up en NTI »
Créé en 2002, le Tunis Information Technology Fund (TITF) se voulait le levier de financement des jeunes pousses dans les NTIC. Avec un capital initial de 2 MDT, porté à 5 MDT en 2004, le fonds visait 10 projets par an. À l’époque, ses gestionnaires insistaient : «Ce genre de projet ne requiert pas de grands investissements mais surtout des compétences humaines».
👉 Vingt ans plus tard, l’écosystème des start-up tunisiennes s’est structuré autour de structures comme Smart Capital et le programme Startup Act. Mais la question du financement patient reste d’actualité, et le constat d’un soutien institutionnel en dents de scie résonne toujours.
Une économie sous pression mais résiliente
15 mai 2003 – « La Tunisie tient le choc de la guerre »
La Banque centrale soulignait une croissance des exportations de 21 % au premier trimestre, un taux de couverture record de 81 % et une inflation contenue à 1,6 %. Seul le tourisme souffrait, avec des nuitées en baisse de 36 % par rapport à 2001.
09 juin 2003 – « Les TRE compensent les pertes du tourisme »
Les transferts des Tunisiens à l’étranger (+11,7 % en quatre mois) amortissaient la chute des recettes touristiques. Les réserves de change atteignaient 83 jours d’importations, un niveau jugé solide.
👉 Comparaison avec 2025 : si les transferts de la diaspora demeurent un pilier de la balance courante, le tourisme reste vulnérable aux crises géopolitiques. En revanche, l’inflation, contenue à 1,6 % en 2003, dépasse aujourd’hui les 8 %, illustrant un basculement structurel.
Secteur financier : le leasing fragilisé
22 juin 2003 – «Le secteur du leasing entre effet ciseau et satisfaction de la BCT»
Alors que la BCT appelait à un rôle accru des sociétés de leasing dans le financement des PME, l’agence Maghreb Rating plaçait le secteur sous surveillance négative. Motif : l’érosion des marges et la montée du coût du risque. «Le secteur est confronté à un effet de ciseau», écrivait-on alors.
👉 Aujourd’hui, le leasing reste un outil majeur pour financer les entreprises, mais demeure exposé aux mêmes vulnérabilités : concurrence bancaire, hausse du coût du risque, fragilité du marché obligataire.
Transport aérien : Tunisair en restructuration
28 mai 2003 – « Tunisair : 2004, retour au bénéfice sinon l’équilibre »
Le PDG Rafâa Dkhil lançait un plan de restructuration : filialisation de certaines activités, plan social, réduction des investissements de 228 à 80 MDT. Avec lucidité, il déclarait : « Nous n’accepterons plus qu’on nous dise que la société va bien ».
👉 Vingt ans plus tard, Tunisair reste engluée dans les mêmes débats : restructuration, pertes financières, recapitalisation. La prophétie de 2003 – un retour à l’équilibre – ne s’est jamais véritablement réalisée.
Conclusion : un miroir pour 2025
En 2003, la Tunisie affrontait guerre régionale, vulnérabilité touristique et fragilité des entreprises publiques, mais pouvait compter sur l’élan des exportations et des transferts de sa diaspora. En 2025, ces constantes demeurent. Le parallèle souligne une question lancinante : la Tunisie a-t-elle su transformer ses atouts conjoncturels en véritables leviers structurels ?