L’INS annonce une croissance de 3,2 % au deuxième trimestre de 2025, portée par la demande interne. Mais le rapport Ecoweek révèle une réalité plus sombre : déficit d’investissement, marginalisation dans les flux d’IDE, retard numérique. Un contraste qui interroge la crédibilité des politiques économiques.
Une embellie statistique…
L’Institut national de la statistique (INS) a publié des chiffres flatteurs : le PIB a progressé de 3,2 % en glissement annuel, dopé par la demande interne (+3,3 %) et la reprise de l’investissement brut. La consommation et la formation de capital fixe expliquent à elles seules une contribution positive de +3,59 points à la croissance.
Mais cette amélioration apparente est fragilisée par les échanges extérieurs : malgré une hausse des exportations de 9,6 %, les importations ont progressé presque autant (+8,9 %). Résultat : une contribution négative (-0,43 point) du commerce extérieur au PIB.
… qui masque des faiblesses structurelles
Derrière ces indicateurs, Ecoweek tire la sonnette d’alarme. Le think tank rappelle que la Tunisie souffre d’un déficit d’investissement chronique, estimé à 72,5 milliards de dinars entre 2010 et 2024, dont les trois quarts au cours des cinq dernières années. Avec un taux d’investissement moyen de 15,1 % du PIB, loin des 25 % nécessaires, le pays s’enferme dans une croissance molle incapable d’absorber le chômage.
IDE et attractivité : la marginalisation
Les investissements directs étrangers (IDE) illustrent ce déclassement. En 2024, la Tunisie a capté 936 millions de dollars, soit à peine 1,8 % des flux vers l’Afrique du Nord, son plus bas niveau depuis 25 ans. Pendant que l’Égypte accaparait 92 % de ces flux, la Tunisie devenait un « trou noir » sur la mappemonde des investisseurs, selon Ecoweek.
Le décrochage est encore plus flagrant dans l’économie numérique. Alors que les IDE mondiaux dans ce secteur ont triplé depuis 2020, la Tunisie reste hors-jeu, avec une part insignifiante et un retard abyssal en fibre optique (89e sur 93 pays).
Mirage ou réalité ?
Le contraste est saisissant : d’un côté, une croissance conjoncturelle rassurante ; de l’autre, une dégradation structurelle profonde. Tant que la Tunisie se contentera de mettre en avant des chiffres ponctuels, sans stratégie d’investissement et de compétitivité, la croissance restera un mirage dans le désert économique.