PainL’expert financier Moez Hadidane tire la sonnette d’alarme sur la répartition jugée injuste des subventions publiques en Tunisie. Invité sur Express FM, il a mis en lumière, à partir de données fournies par la CONECT, les incohérences flagrantes d’un système censé soutenir les plus fragiles, mais qui profiterait principalement aux plus riches.

Selon lui, 75 % des subventions consacrées aux céréales bénéficient aux 20 % les plus aisés, tandis que les 20 % les plus pauvres du pays n’en perçoivent qu’à peine 1 %. Une situation qu’il qualifie de « déséquilibre flagrant ».

Où vont réellement les subventions ?

Hadidane détaille la ventilation actuelle de l’enveloppe annuelle de 20 milliards de dinars allouée par l’État tunisien :

  • 7 milliards de dinars sont consacrés aux carburants.
  • 3,8 milliards vont aux produits de base, dont 1,3 milliard spécifiquement destiné à la subvention du pain.
  • Ce dernier représente à lui seul 4 milliards de baguettes subventionnées, soit 320 millimes par unité.
  • 680 millions de dinars sont affectés au transport public.
  • La subvention des produits de base équivaut à 2,2 % du PIB et 6,4 % du budget de l’État.

Le paradoxe du pain

Hadidane insiste sur l’absurdité du système actuel : près d’un milliard de baguettes subventionnées sont gaspillées chaque année. Le coût de la subvention du pain – soit 1,3 milliard de dinars – permettrait, selon lui, de construire quatre hôpitaux universitaires ou d’acheter 2.200 bus neufs.

Pour l’expert, une réforme du système des subventions s’impose de toute urgence, avec une redistribution plus ciblée et plus juste, en faveur des populations réellement vulnérables.

ABS

Chiffres clés

  • 20 milliards TND — Montant annuel global des subventions publiques
  • 7 milliards TND — Subvention allouée aux carburants
  • 1,3 milliard TND — Subvention du pain (soit 320 millimes par baguette)
  • 1 milliard — Nombre de baguettes subventionnées gaspillées chaque année
  • 342 millions TND — Coût estimé d’un hôpital universitaire moderne.