Le textile tunisien n’a pas dit son dernier mot. Malgré des contraintes réglementaires, des retards dans la modernisation de l’administration et une fiscalité jugée pénalisante, le secteur conserve un fort potentiel de croissance, d’emploi et d’exportation.
Pour passer à l’action, la FTTH a présenté un ensemble de 17 propositions ciblées, touchant à la formation, à la fiscalité, aux infrastructures ou encore à la transition écologique. Une feuille de route ambitieuse qui appelle à une réelle volonté politique pour que la Tunisie retrouve son rang dans l’industrie textile mondiale.
- Régularisation du classement des entreprises existantes
La FTTH appelle à reconnaître officiellement les entreprises textiles créées avant la loi de 2009 sur la sécurité incendie. Aujourd’hui, ces structures sont actives mais non classées, ce qui bloque leurs activités, notamment dans les audits sociaux internationaux.
- Réforme du certificat de prévention incendie
Plutôt que de bloquer l’activité, la FTTH propose un système d’accompagnement avec des plans d’amélioration sur cinq ans, comme cela se fait dans les pays occidentaux.
- Relancer la station de recyclage de la Technopole de Monastir
Ce projet, bloqué depuis 2010, pourrait créer un écosystème textile intégré, dynamiser l’économie circulaire et relancer la filière du finissage.
- Réduction des délais de création d’entreprises
La FTTH recommande d’aligner les procédures tunisiennes sur les standards des pays développés, en matière de création d’entreprise et d’agrément douanier.
- Formation et reconversion
Des mécanismes ciblés doivent être mis en place pour former et attirer les diplômés chômeurs vers le secteur textile. La FTTH se dit prête à mobiliser son expertise.
- Infrastructures industrielles
Moderniser les zones industrielles existantes et en créer de nouvelles, notamment dans les régions saturées comme Sousse et Nabeul.
- Transport des travailleurs
L’absence de transport public dans les zones industrielles pousse les entreprises à prendre en charge ce service, qui est ensuite taxé comme avantage en nature. Une réforme fiscale est demandée sur ce point.
- Modernisation de l’enseignement textile
Réformer l’enseignement spécialisé (universités, ISET, centres de formation) et attirer davantage de jeunes vers ces filières pour assurer la relève.
- Intégration en amont du secteur
Encourager le développement d’activités de tissage, tricotage, finissage et ennoblissement, en offrant des mécanismes de financement et des incitations claires, rapides et attractives.
- Cartographie de la main-d’œuvre disponible
Mieux cibler les zones à fort potentiel en ressources humaines pour orienter les investissements industriels et compenser les surcoûts logistiques dans les régions intérieures par des avantages ciblés.
- Loi sur la vente de ferraille
Accélérer l’adoption de cette loi, notamment pour le compte de la société El Fouledh, afin de débloquer des gisements d’activité industrielle.
- Alléger les procédures de certification
Permettre aux entreprises de régler directement les services de certification internationale sans passer par la BCT, qui impose aujourd’hui des délais allant jusqu’à six mois.
- Paiement anticipé des commandes
Autoriser les paiements anticipés (à 100 %) pour les commandes à l’étranger, en s’appuyant sur les devises déjà disponibles sur les comptes des entreprises, comme le pratiquent de nombreux pays.
- Remboursement rapide des frais commerciaux
Accélérer les remboursements liés aux actions de prospection, foires et missions à l’international, essentiels pour la visibilité du textile tunisien.
- Restitution de la TVA
Rendre plus fluide la restitution de la TVA pour les entreprises locales, ou permettre une compensation fiscale directe auprès des receveurs des finances.
- Soutien aux collecteurs de déchets textiles
Trouver une solution adaptée au cahier des charges N°2, trop lourd pour les petits collecteurs, afin de préserver leur rôle dans l’économie circulaire du secteur.
- Modernisation du formulaire CX5
Assouplir les règles liées au rapatriement des recettes d’exportation dans un délai de 60 jours et permettre aux entreprises de conserver des avoirs disponibles pour gérer leur trésorerie.
Pour conclure, le document remis par la FTTH est un appel clair à l’action. Il montre que le secteur textile en tunisien n’est pas un secteur en déclin, mais un vivier de compétitivité, d’innovation et d’emplois, aujourd’hui entravé par une bureaucratie trop lente et des obstacles techniques évitables.
(Source : FTTH)
Chiffres clés
- 17 — Propositions concrètes de la FTTH pour redynamiser le secteur textile
- 6 mois — Délai actuel imposé par la BCT pour valider les certifications internationales
- 100 % — Paiement anticipé des commandes recommandé pour fluidifier les importations
- 60 jours — Délai imposé pour le rapatriement des recettes d’exportation (formulaire CX5)
- 2010 — Année de blocage du projet de station de recyclage à la Technopole de Monastir.