Autour des pierres millénaires et au fil de voix contemporaines, le théâtre antique de Dougga a vibré, le temps de la soirée du vendredi 4 juillet 2025, au rythme d’une odyssée musicale hors du commun.
La sixième soirée dans le cadre de la 49ème édition du Festival international de Dougga, a été animée par Afro Arabiq Walzer Archestra, grand Orchestre Afro-Arabe de la Valse venu d’Autriche, pour un patchwork orchestral d’exception, à la croisée des continents.
Née d’une alchimie entre la délicatesse de la valse viennoise, les profondeurs des modes arabes et la vitalité des percussions africaines, le grand orchestre, placé sous la direction du compositeur et musicien autrichien Harald Huber, a réuni des artistes de quatre pays, l’Autriche, la Syrie, le Sénégal et la Tunisie.
L’amitié et le partage en musique
Célébrant les 300 ans des relations diplomatiques entre la Tunisie et l’Autriche, le concert a débuté avec une composition inédite intitulée “Tahya Carthage” (Vive Carthage), un subtil hymne musical, résonnant sur les pierres séculaires du théâtre de Dougga comme un manifeste de l’universalité de l’art.
Le programme a par la suite navigué entre les célèbres compositions du pianiste de jazz américain Sun Ra, les morceaux contemporains du violoniste et compositeur français Jean-Luc Ponty, avec des clins d’œil à Férid El Atrach et Ramez Jabr.
Et c’est avec la chanteuse syrienne Basma Jabr, dans son interprétation de “Ordhouni zouz sbeya”, célèbre chanson de Saliha, que l’émotion a atteint son apogée.
Réarrangée dans une version où les rythmes africains épousent la sensibilité viennoise, cette relecture poignante d’un classique tunisien, portée par la voix d’une syrienne, a déclenché une salve d’applaudissements dans les gradins.
Avec le Sénégalais Ibou Ba au tambour (djembé, sabar), le compositeur et violoniste autrichien Andreas Schreiber, la voix de Damas Basma Jabr et la sonorité du malouf tunisien avec le grand percussionniste Habib Samandi, chaque note dessinait une cartographie sonore, au grand bonheur d’un public cosmopolite, de multiples nationalités.
Harald Huber: je n’ai jamais joué dans un espace d’une telle majesté
Interrogé par l’agence TAP, Harald Huber est revenu sur la genèse du projet “l’idée est que la valse autrichienne peut rencontrer, dans une même mesure, les rythmes africains et arabes. A partir de là, j’ai composé plusieurs pièces mêlant des mélodies folkloriques d’Autriche, des chansons populaires de Tunisie, du Maghreb et du monde arabe, et des rythmes venus d’Afrique de l’Ouest. »
Évoquant la magie du lieu, il a confié “Je n’avais jamais joué dans un espace d’une telle majesté. Ce théâtre donne à la musique une résonance unique. Je remercie la direction du festival et l’ambassade d’Autriche pour leur soutien à l’organisation de cette soirée mémorable”.
Revenant sur sa relation avec la Tunisie, où il est venu pour la première fois en 2009 à l’occasion du Forum mondial de la musique, le musicien a déclaré “Grâce à mon ami le musicien tunisien Habib Samandi, j’ai découvert le malouf, la chanson tunisienne… J’ai beaucoup appris ici, et je reste passionné par la musique arabe”.
La musique ne connaît pas de frontières géographiques, a-t-il ajouté. Même si nos cultures sont éloignées, les mélodies ont toujours “ce pouvoir de créer des ponts. C’est cette conviction qui guide la collaboration entre les artistes, porteuse d’un message d’amitié et d’un exemple de ce que les peuples peuvent accomplir lorsqu’ils s’unissent”.
Dans ce cadre millénaire inscrit au patrimoine mondial de l’Humanité, le musicien témoigne, dans son mot de la fin “L’art a cette capacité unique de rapprocher les êtres et la magie exceptionnelle de dessiner la paix universelle dans les quatre coins du monde”.