À l’approche de sa 50e édition, le Salon Equip’Auto s’apprête à rassembler à Paris toute la chaîne de valeur de l’après-vente automobile. Constructeurs, équipementiers, réparateurs et distributeurs y dévoileront les dernières innovations, dans un contexte marqué par l’électrification du parc roulant mondial et les défis de relocalisation industrielle. Entre évolutions technologiques, réalités du terrain et perspectives tunisiennes, cette interview décrypte les enjeux clés de l’édition 2025 d’un salon devenu incontournable pour comprendre l’avenir du secteur. Interview avec Mr. Philippe BAUDIN – Président du salon Equip’autos
Le Salon Equip’Autos célèbre ses cinquante ans d’activité. Comment s’annonce l’édition 2025 au mois d’octobre prochain, à Paris ?
Cinquante ans d’activité, quelle vigueur! Le Salon tient le pari de la longévité. Et toujours une attractivité agissante. Pendant un demi siècle, à une cadence biennale, les années impaires, le Salon réunit l’ensemble de l’écosystème de l’auto. C’est la chaine amont/aval, dans sa globalité qui se retrouve afin de prendre connaissance des nouvelles technologies. C’est crucial que les constructeurs s’adressent à l’univers de l’après-vente.
Equip’Auto synchronise-t-il les rapports entre tous les corps de métiers de l’auto?
Il s’agit d’un Salon B2B où l’on évoque tout ce qui arrive après la vente de la voiture. Tout l’après-vente et les services sont rassemblés sur un même site. Et en effet cela réaccorde les constructeurs avec les professionnels de la maintenance, des services ainsi que de la réparation.
Constructeurs et équipementiers viennent-ils nombreux ?
Naturellement car ils sont doublement intéressés. D’abord ils viennent rencontrer les distributeurs de pièces de divers réseaux de vente. Ensuite ils viennent pour présenter aux réparateurs leurs nouvelles technologies. Et le Salon est le lieu dédié pour ces deux business. Et il en a vu défiler des innovations.
L’on garde en mémoire la fabrication en série des air bags, puis du freinage ABS, puis de la peinture de carrosserie à l’eau pour ne citer que ceux-là. Aujourd’hui on vit l’afflux de l’électronique. Ainsi donc constructeurs et équipementiers communiquent, à l’adresse des réparateurs au Salon sur les meilleures pratiques de réparation des systèmes nouveaux.
Le Véhicule électrique réduit-t-il le coût de maintenance ?
N’ayant plus de moteur, le véhicule électrique comporte moins de pièces. Cependant tout ce qu’il y autour persiste. Et l’on remarque que l’usure est plus accélérée. C’est le cas des pneumatiques. Sur un moteur thermique leur durée de vie est de 45.000 à 50.000 km, cette fourchette baisse entre 10.000 à 15.000 km avec l’électrique. Pareil pour le freinage et les autres trains roulants.
On voit le véhicule électrique gagner du terrain. Menace-t-il le business du Salon?
A l’heure actuelle le parc roulant mondial compte 1.500.000.000 de voitures. La part du véhicule électrique est de 1,87 %. Vous voyez bien que la pièce détachée n’est pas près de disparaitre. En France le parc roulant compte 42.000.000 de voitures.
Les projections montrent que si le parc électrique augmentait de 25% par an, dans dix ans le véhicule thermique constituerait 90% du parc. C’est vous dire ! Ajouter que pour faire tourner un parc d’un million de voitures électriques, il faut l’équivalent d’une centrale électrique. Mesurez le défi énergétique !
L’on parle d’une relocalisation la chaine de valeur Auto. La Chine qui occupe une position prépondérante va-t-elle lâcher du lest ?
Il faut savoir que le barycentre de l’industrie automobile a basculé en Chine et je ne la vois pas lâcher du lest. La Chine produit 30.000.000 de voitures sur un total mondial de 40.000.000 d’inités. Elle est en tête et en pointe sur le véhicule électrique, hautement connecté.
Ses modèles actuels lui procurent une confortable longueur d’avance. Cependant les enseignes européennes et d’ailleurs ne manquent pas d’atouts. La compétition va se réallumer sur ce segment. Mais cela prendra du temps car il faudra renouer avec les cadences des grandes séries.
En 2009 à titre d’exemple, la France produisait sur son sol 4.000.000 de voitures. A l’heure actuelle elle n’en produit plus que 1.300.000 et elle pourrait descendre en-dessous du seuil symbolique du million de voitures. Sachez que Toyota est le plus important fabriquant de voitures en France, à l’heure actuelle.
*Dans le contexte actuel, quelles sont les perspectives de développement de la filière automobile en Tunisie ?
-Je réserverai ma réponse de voir la Tunisie devenir une zone d’accueil de constructeurs à part entière En revanche le positionnement de la Tunisie sur les composants et la recherche& développement est prometteur. Tout cet écosystème performant peut s’adapter peut être plus vite qu’ailleurs aux nouvelles technologies qui arrivent d’Asie.
Interview conduit par Ali DRISS
EN BREF
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- Le Salon Equip’Auto fête ses 50 ans et reste le rendez-vous clé des professionnels de l’après-vente automobile.
- L’édition 2025 réunira constructeurs, réparateurs et équipementiers autour des dernières innovations.
- Le véhicule électrique change la donne, mais la demande en pièces reste massive.
- La Chine domine la production mondiale avec 30 millions d’unités, loin devant l’Europe.
- 1,5 milliard — Parc mondial de voitures actuellement en circulation.
- 1,87% — Part des véhicules électriques dans le parc mondial.
- En Tunisie, la filière composants et R&D présente un fort potentiel de croissance.