Les saisons défilent en Ligue 1, mais la photo finish semble immuable ces dernières années: ce sont toujours les mêmes couleurs, celles du “sang et or” qui s’imposent. L’Espérance de Tunis confirme une fois de plus sa suprématie et décroche un 34e titre national, dont huit lors des dix dernières saisons, s’affirmant comme le maître incontesté du football tunisien.

Le doyen des clubs tunisiens vient ainsi de remporter 21 titres sur 29 depuis l’instauration du non-amateurisme, puis du professionnalisme à partir de la saison 1996-1997. Certes, ses solides moyens financiers y ont contribué, mais la clé de sa réussite ne se limite pas aux ressources matérielles. Ce règne s’appuie avant tout sur la stabilité de ses instances dirigeantes, une planification stratégique rigoureuse et un soutien populaire indéfectible, qui ont ancré chez les Espérantistes une véritable culture de la gagne.

La campagne de cette saison n’a pas été de tout repos. La compétition fut rude, le suspense intense et la pression permanente. Mais l’expérience des joueurs de Bab Souika, la qualité de leur effectif et un mental à toute épreuve ont permis au club de faire la différence aux moments décisifs.

Ce sacre, bien que conquis dans la douleur, est amplement mérité. Les coéquipiers de Mohamed Amine Ben Hmida ont réalisé un parcours remarquable, dominant tous leurs rivaux directs avec des victoires en aller et retour face à l’Etoile du Sahel et au CS Sfaxien, ainsi que des succès et des matches nuls contre le Club Africain, le Stade Tunisien et l’US Monastir. Un sans-faute qui témoigne de la force de caractère de l’équipe et de sa capacité à gérer la pression et à répondre présent lors des grands rendez-vous.

Malgré une certaine instabilité sur le banc, le club a fait preuve de lucidité et de courage dans ses choix d’entraîneurs. Après un début de saison poussif, le Portugais Miguel Cardoso est limogé après cinq journées de Ligue 1. Il est remplacé par le Roumain LaurenÈ›iu Reghecampf, à son tour remercié malgré une victoire en Supercoupe, une place de leader en championnat et une qualification en quarts de finale de la Ligue des champions. C’est finalement le Tunisien Maher Kanzari qui prend les rênes, à cinq journées de la fin, juste avant la confrontation avec Mamelodi Sundowns.

Le choix de faire confiance à l’école tunisienne n’est pas fortuit. Face à l’enjeu, il fallait un technicien connaissant bien l’effectif et le climat du championnat. Le choix de Kanzari s’est donc imposé logiquement, d’autant plus qu’il n’était pas étranger au Parc B, où il avait déjà entraîné l’Espérance, et qu’il était en pleine réussite avec le Stade Tunisien, terminant même champion d’automne.

Malgré des débuts difficiles en Ligue des champions face à Sundowns, Kanzari a su redresser la barre en championnat avec quatre victoires consécutives, dont deux contre des adversaires de premier plan : le Club Africain et le CS Sfaxien, en plus d’un match nul avec l’US Monastir, lors de la dernière journée. Son empreinte sur le rendement de l’équipe s’est vite fait sentir : solidité défensive (un seul but encaissé) avec un Béchir Ben Saïd confirmé comme gardien titulaire, et efficacité offensive, permettant à l’équipe de terminer meilleure attaque du championnat (57 buts).

Contrairement à ses concurrents traditionnels, c’est la profondeur et la qualité de son effectif qui ont fait la force de l’Espérance cette saison, notamment grâce à ses joueurs étrangers décisifs : le Brésilien Yan Sasse, meilleur buteur de l’équipe (10 buts), l’Algérien Youcef Belaïli (9 buts), l’autre Brésilien Rodrigo Rodrigues (4 buts) malgré une longue blessure), ainsi que le Sud-Africain Elias Mokwana et l’Algérien Mohamed Amine Tougai (3 buts chacun).

Côté local, les recrues ont également apporté des solutions tactiques précieuses. Hamza Jelassi a solidement renforcé l’axe de la défense après la blessure du capitaine Yassine Meriah aux ligaments croisés, inscrivant deux buts de la tête contre l’Etoile du Sahel et le Club Africain. Chiheb Jebali, recruté lors du mercato hivernal en provenance de l’US Monastir, a également offert de nouvelles options au milieu de terrain, aussi bien dans la construction du jeu que sur les balles arrêtées.

Le titre de champion déjà acquis, les Sang et Or convoitent désormais Dame Coupe, avec l’espoir de décrocher le sixième doublé Coupe-Championnat de leur histoire, avant de se tourner vers la Coupe du Monde des Clubs, prévue aux Etats-Unis du 14 juin au 13 juillet prochains. Un nouveau défi les attend, avec au programme une confrontation contre le géant anglais Chelsea, le prestigieux club brésilien Flamengo, et un troisième adversaire à déterminer entre le Club América (Mexique) et le Los Angeles FC (Etats-Unis)…