Le Conseiller pour la communication et l’information auprès du Bureau de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) pour la région du Maghreb, Ming Kuok-Lim, a plaidé, lundi, pour une coopération visant à exploiter des outils d’intelligence artificielle (IA) en vue de construire un espace numérique plus sûr loin de toute propagation de fausses nouvelles.

Le Conseiller de l’UNESCO s’exprimait au cours d’une rencontre organisée, lundi, à Tunis, par le Syndicat national des journalistes tunisiens, à l’occasion de la clôture du programme de célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, sur le thème : “La liberté de la presse à l’aune des évolutions géopolitiques et technologiques : l’intelligence artificielle comme exemple”.

Pour lui, le recours à l’intelligence artificielle est de plus en plus courant dans les domaines de la sélection, de la régulation et du stockage du contenu journalistique, ce qui rend ces outils « les véritables gardiens et dépositaires de l’information ».

Min Kuok Lim a, cependant, mis en garde contre le risque d’uniformiser, à travers les outils de l’IA, le paysage médiatique et saper, ainsi, les fondements de la diversité des contenus et la pluralité des opinions.

A cet effet, Il a souligné l’impératif de contrôler l’usage de l’intelligence artificielle, en la mettant au service du respect de l’éthique journalistique, des droits humains et de la liberté de la presse.

Il a rappellé que l’UNESCO avait adopté, en 2021, une série de principes fondamentaux pour contrôler l’intelligence artificielle, notamment les principes de transparence et de supervision humaine dans tout le processus de production de contenu.

En contrepartie, le Conseiller de l’UNESCO a énuméré les avantages de ces outils technologiques qui permettent de faciliter l’accès à l’information, son traitement, la gestion de volumes massifs de données, la traduction, ainsi que la production et l’adaptation rapide de contenus.

Dans le même contexte, le président du SNJT, Zied Dabbar, a fait noter que les journalistes, aux quatre coins du monde, sont aujourd’hui confrontés à un « défi technologique effrayant ».

Les journalistes font face pour la première fois à un outil qui les surpasse en matière d’intelligence et de capacité d’apprentissage, a-t-il lancé, affirmant que l’IA générative représente une menace pour le secteur, malgré certains avantages qu’elle peut offrir aux journalistes.

Par ailleurs, Dabbar a expliqué que les défis politiques, économiques, sociaux et sécuritaires actuels ont conduit à l’émergence des canaux de propagande soutenues soit par des régimes et des États, soit par des lobbies économiques, ce qui a fait perdre aux journalistes le contrôle de la production journalistique.

Il a mis en garde contre le risque de privilégier la liberté de l’éditeur, de l’annonceur ou du politique aux dépens de la liberté de la presse.

Le président du Syndicat a souligné la nécessité de restaurer l’autorité du journaliste sur son métier, malgré les opportunités offertes par l’IA pour améliorer la qualité du produit journalistique, dans un contexte marquée par une crise de confiance entre les médias et le public.

En abordant la situation du secteur de la presse, Dabbar a affirmé que la Tunisie est “pratiquement le seul pays où la loi régissant le secteur n’est pas appliquée aux journalistes”.

En Tunisie, le décret-loi 54 relatif à la lutte contre les crimes liés aux systèmes d’information et de communication, le Code pénal, le Code de procédure pénale, la loi de lutte contre le terrorisme et le blanchiment d’argent, ainsi que le Code des télécommunications de 2002 sont utilisés, au lieu du décret-loi 115 régissant la liberté d’expression, de la presse et de publication, a-t-il regretté.