La 7ème édition de la biennale d’art contemporain “Jaou Tunis” a été ouverte mercredi soir à l’espace culturel Bir Lahjar, à la médina de Tunis, avec une exposition intitulée “Nos douleurs montées sur un soleil comme sur un cheval de course”.
Cette exposition inaugurale portant le titre également “Comment être au monde”, commissionnée par la curatrice Camille Lévy Serfaty, s’inscrit dans le cadre du thème général de cette édition, “Arts, résistances et reconstruction de l’avenir”.
L’exposition propose une réflexion sur notre existence dans un monde marqué par la colère, la douleur et le désespoir, des réalités face auxquelles, la solidarité et l’empathie sont présentées comme des formes de résistance collective. Réunissant dix artistes, l’exposition collective présente des œuvres qui explorent, à travers divers supports, les possibles trajectoires que l’Humanité pourrait emprunter pour montrer ainsi que l’espoir et la solidarité sont des armes puissantes contre l’absurdité du monde.
Le programme de “Jaou Tunis” prévoit également à partir du 10 et jusqu’au 26 octobre à Tunis une exposition du duo palestinien Basel Abbas et Ruanne Abou-Rahme, intitulée “”La Chanson est l’appel et la Terre appelle”.
A travers cette exposition, ils transforment durant cette période l’Entrepôt de la Ville de Tunis en un espace immersif vibrant, où se mêlent rythmes électroniques, matériaux d’archives, images uniques et textes poétiques. Leur exposition met en lumière les interactions profondes entre le patrimoine culturel et l’identité.
Les deux artistes présentent une version spécifique à ce lieu de trois œuvres interconnectées : l’installation immersive de sons et de vidéos en plusieurs écrans intitulée “Que l’Amnésie ne Nous Embrasse Jamais sur la Bouche : Uniquement des Sons qui Tremblent en Nous”, la pièce sculpturale “Là où le Sol a été perturbé” et la bannière textile “Hum de Nuages Bas”.
Ensemble, ces œuvres relient des récits d’oppression à des rêves de libération, parcourant des géographies, des histoires et des réalités politiques variées.
Depuis plus d’une décennie, le duo a rassemblé des enregistrements de chants et de danses issus d’espaces publics en Tunisie, en Irak, en Palestine, au Yémen et en Syrie. Ce matériau riche s’entrelace de façon complexe avec des enregistrements cinématographiques, musicaux et sonores originaux venus de Palestine, donnant naissance à une narration fragmentée qui transcende les frontières entre passé et futur, entre réalité et fiction, entre images trouvées et images créées. A travers cette exploration, ils incitent à une réflexion critique sur les dynamiques de pouvoir qui influencent la circulation de ces images.
En mettant en avant des expressions éphémères telles que le chant et la danse, les artistes révèlent comment les communautés en exil parcourent leurs expériences de violence et de déplacement à travers la performance. Ils nous invitent à envisager le potentiel transformateur de la documentation du mouvement et à comprendre comment le corps devient un espace de résistance et de mémoire. En somme, ils rappellent que, dans l’acte créatif, le fragment peut se transformer en totalité et que ceux dont la voix a été étouffée peuvent, à nouveau, s’exprimer.
L’édition 2024 de Jaou Tunis se poursuivra jusqu’au 9 novembre 2024 et proposera, en plus des expositions, neuf performances et neuf rencontres, réunissant plus de 60 artistes venant des pays du Sud.