En dépit des multiples rôles joués par les femmes dans le secteur de la pêche, leurs contributions au secteur ne sont souvent pas prises en compte dans les statistiques officielles et peuvent donc passer inaperçues, renforçant les inégalités entre les sexes déjà existantes et pouvant conduire à une discrimination involontaire, constate une récente étude élaborée par la Commission générale des pêches pour la Méditerranée (CGPM) de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Intitulée “Les femmes dans la pêche en Méditerranée et de la mer Noire: rôles, défis et opportunités”, cette analyse a couvert cinq pays: la Tunisie, l’Algérie, l’Egypte, l’Albanie et la Georgie, pays identifiés comme ceux “ayant peu d’informations publiées sur ce sujet et et donc les mieux placés pour bénéficier de recherches supplémentaires sur la participation des femmes dans la pêche et de combler les lacunes dans la compréhension de ce phénomène”.

L’analyse révèle que les femmes jouent un rôle actif tout au long de la chaîne de valeur de la pêche en Méditerranée et en mer Noire, notamment en participant aux activités préalables à la récolte telles que la construction et l’entretien des navires et des engins de pêche. Les femmes sont aussi actives dans les activités de récolte à bord des navires de pêche et à terre, et aux activités post-récolte telles que le tri, le nettoyage, la transformation et la commercialisation des prises, ainsi que dans les activités liées à l’exploitation de l’entreprise de pêche.

Aussi, les femmes sont activement engagées dans toute la région dans la recherche halieutique et dans les administrations des pêches. Toutefois, leurs connaissances et leurs expériences sont négligées et ne sont pas suffisamment exploitées.

Les entretiens réalisés en Tunisie montrent que de nombreuses femmes travaillent à domicile à la fabrication et à la réparation des filets de pêche. Dans certaines régions de Tunisie, des femmes pratiquent la pêche côtière, depuis le rivage (par exemple en tant que glaneuses ou ramasseuses de palourdes) ou sur des bateaux, parfois avec leurs maris et d’autres fois seules. Il existe également, des exemples de femmes qui prennent la relève de leur mari pour effectuer des activités de pêche à bord de bateaux au cas où leurs maris tombent malades ou ne sont plus en mesure de pêcher.

En outre, en Tunisie, les femmes travaillent couramment comme ouvrières dans la transformation du thon et des sardines. Elles travaillent aussi, dans le domaine de la recherche et de la surveillance des pêches. “Ces dernières années, les femmes sont de plus en plus nombreuses à occuper des postes importants”, selon l’étude.

La Commission générale des pêches pour la Méditerranée, relevant de la FAO, estime le nombre de pêcheurs artisans en Tunisie à 35 450, représentant environ 70% de la main d’œuvre du secteur de la pêche. Les statistiques actualisées sur le nombre des femmes dans le secteur font toujours défaut.