Presque trois ans après être présenté aux acteurs concernés lors d’un atelier à Tunis, le projet d’arrêté fixant les valeurs limites des concentrations de plomb et de cadmium et de leurs composés ainsi que certains solvants organiques dans les peintures, n’a toujours pas été adopté et donc n’a pas été appliqué.

L’objectif de cette règlementation, dont la version finale a été élaborée en concertation avec tous les acteurs concernés (ministères de l’Environnement et de la Santé, UTICA, société civile…), est de prévenir et réduire les risques sanitaires et environnementaux dus aux peintures contenant des substances chimiques dangereuses pour la santé et l’environnement.

Il s’agit surtout de limiter les additifs au plomb et cadmium et solvants organiques (Benzène et Toluène) dans les peintures en fixant des valeurs limites de ces composés dans les peintures fabriquées, importées et distribuées sur le marché intérieur.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) classe le plomb, le cadmium et le benzène parmi les 10 substances chimiques gravement préoccupantes pour la santé publique des personnes particulièrement vulnérables : les enfants, les femmes enceintes (risque d’exposition du fœtus) et les travailleurs.

Les maladies causées par ces substances sont multiples, dont les lésions irréversibles du cerveau et du système nerveux et les troubles de la fonction rénale, du système sanguin et de la reproduction.

Le plomb et le cadmium sont aussi deux éléments très stables (à longue durée de vie) et une fois présents à l’état naturel, ils sont toxiques pour les plantes, les animaux et les micro-organismes.

Le projet d’arrêté fixe les limites du taux de plomb et composés à 90mg/kg de peinture, du Cadmium et composés à 100mg/kg, de Benzène à 1000 mg/kg et de Toluène également à 1000mg/kg. Ces substances sont généralement, ajoutées comme pigments pour peinture.

L’Association d’Education Environnementale pour les Futures Générations (AEEFG), qui fait partie du Réseau international pour l’élimination des polluants toxiques, dit IPEN (International Pollutants Elimination Network), avait révélé, à travers des analyses, que 30 marques de peinture sont à haute teneur en plomb en Tunisie.

“Les analyses ont montré que ces teneurs ont atteint, pour certaines marques 170 000 ppm (quantité par unité de surface en milligrammes par centimètre carré (mg/cm2) “, avait déclaré à l’Agence TAP, la présidente de l’association, Semia Gharbi.

L’Agence Nationale de Contrôle Sanitaire et Environnemental des Produits (ANCSEP) a recommandé, à cet effet, la mise en place d’une réglementation nationale relative à l’interdiction de l’utilisation des pigments de plomb, des agents de séchage et d’autres composés de plomb dans la formulation des peintures, la sensibilisation du public aux dangers de l’exposition à la peinture au plomb, notamment les enfants et la réalisation d’une enquête pour évaluer l’exposition de la population à ce métal lourd plomb et une étude sur l’imprégnation au plomb par les enfants.

Selon un rapport d’analyse de l’agence, 52 échantillons de peinture sur un total de 72 commercialisés sur le marché tunisien sont non conformes aux normes et contiennent des teneurs élevés de cette substance chimique toxique. Les concentrations de plomb varient de 0,06mg/kg à 26 000mg/kg.