Les principaux obstacles au développement des entreprises solidaires en Tunisie, notamment celles qui sont gérées par des femmes, consistent en la faiblesse de la culture de l’investissement solidaire chez ces dernières, la multiplicité des structures de l’économie sociale et l’absence d’une structure unifiée en charge de la coordination et de la mise en place des stratégies de coopération avec les parties gouvernementales, a indiqué le professeur universitaire et expert international dans le domaine de l’économie sociale et solidaire, Belaid Ouled Abdallah.

Dans une intervention, mercredi à Tunis, à un colloque national sur “le rôle de la femme dans l’économie sociale et solidaire en Tunisie”, il a mentionné également, “la faiblesse de l’encadrement et le bas niveau d’éducation de certains dirigeants des structures de l’économie sociale, notamment les unités coopératives de production agricole et les sociétés coopératives, en plus l’ancienneté du cadre légal qui ne s’adapte pas aux changements sociaux économiques et au nouveau rôle de l’action coopérative “, a ajouté Ouled Abdallah.

L’expert a précisé que l’objectif est d’élaborer un plan de travail 2024 pour le développement de ces entreprises, en procédant à un état des lieux des entreprises solidaires en Tunisie et en établissant les scénarios possibles pour sa mise en place.

De son côté, le président de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP), Noureddine Ben Ayed, a mis l’accent sur les problèmes dont souffre la femme rurale en Tunisie, en ce qui concerne la production, la transformation des produits, la commercialisation, le conditionnement et la valorisation de leurs produits.

A cet égard, il a précisé que l’organisation agricole envisage de créer des marchés permanents pour ces femmes dans les régions, tout en leur assurant l’encadrement nécessaire. L’objectif étant de garantir son autonomisation économique de la femme rurale.

Ces problèmes concernent également, l’absence de lignes de financements à des taux bas, a ajouté Ben Ayed, appelant à la mise en place d’une ligne de crédit dédiée à la femme rurale, en lui accordant des crédits à des taux raisonnables.

Pour sa part, Mohamed Ali Nhidi, chef du département crédit et financement à la Banque tunisienne de solidarité (BTS Bank), a fait savoir que la BTS gère une ligne de crédit consacrée aux entreprises de l’économie sociale et solidaire, dont celles dirigées par des femmes.

Il s’agit d’un financement de 30 millions de dinars mis par l’Etat à la disposition de la BTS, depuis 2022 sur trois ans (10 millions de dinars au titre de chaque année), pour accorder des crédits à ces entreprises sans garanties, moyennant un taux d’intérêt fixe de 5% durant 7 ans et avec des procédures simplifiées. Ces crédits sont plafonnés à 300 mille dinars.

Une première tranche de ce financement a été octroyée à 40 entreprises, dont trois sont gérées par des femmes, parmi lesquelles certaines ont démarré leurs activités, et d’autres sont en cours de constitution.

Une vingtaine de femmes rurales qui commercialisent des produits du terroir (Harissa, pâtisseries traditionnelles, miel, huiles essentielles …) venant de différentes régions de la Tunisie, ont pris part à une exposition organisée en marge de ce colloque, à l’initiative de l’UTAP, en coordination avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Fonds mondial pour la nature (WWF).

Les entreprises de l’économie sociale sont les groupements de développement agricole, les sociétés mutuelles, les unités coopératives de production agricole et les sociétés citoyennes .