De nombreux indices augurent non seulement d’une bonne récolte oléicole 2023-2024 mais également et surtout d’une excellente performance à l’export de l’huile d’olive tunisienne. Trois principaux signes objectifs militent en faveur de cette thèse.

Le premier signe relève de l’observation ancestrale des oléiculteurs. Les oliveraies tunisiennes seront cette année dans l’année favorable de l’alternance biennale. Ce facteur sera perceptible, du moins si on croit les projections du Département américain de l’agriculture (USDA) pour la Tunisie, à travers l’accroissement de la production à près de 250.000 tonnes contre 180.000 tonnes un an plus tôt.

Des conditions favorables

Le second signe est perceptible à travers les précipitations qui ont été enregistrées en quantités significatives, au mois de mai et début juin 2023. De l’avis unanime des experts agricoles, ces pluies, quoique tardives, étaient une véritable bénédiction de Dieu. Elles ont été accueillies comme une très bonne nouvelle par les exploitants du secteur arboricole, dont les oliveraies.

Le troisième signe a trait à la baisse prévisible de la production oléicole chez deux principaux concurrents européens de la Tunisie, en l’occurrence, l’Espagne et l’Italie.

Cette baisse a été générée, cette année, par le réchauffement climatique et la sécheresse extrême qui a sévi, particulièrement, en Espagne.

D’après Olimerca, agence indépendante espagnole d’information oléicole, les expéditions d’huile d’olive à l’étranger devraient rester, durant la campagne 2023-2024, au niveau de 600.000 tonnes, soit 27% de moins que l’année dernière. Habituellement, l’Espagne assure 40% de l’offre mondiale.

Concernant l’Italie, il ressort d’une récente analyse faite par la Coldiretti, principal syndicat agricole italien, la production oléicole dans ce pays, notamment, dans la région des Pouilles qui abrite une des industries oléicoles les plus fructueuses d’Italie, est, toujours affectée, et ce, depuis 10 ans, par les ravages de la bactérie tueuse Xylella fastidiosa.

Il ressort de cette analyse que la batctérie tueuse a ravagé plus de 21 millions d’arbres.
Morale de l’histoire : la production oléicole dans ces deux pays européens concurrents est dans une situation le moins qu’on puisse dire catastrophique.

Une opportunité pour booster les exportations tunisiennes

Et comme dit l’adage « le malheur des uns fait le bonheur des autres ».  Entendre par là que la non-disponibilité probable de quantités suffisantes pour subvenir aux besoins de consommation dans le vieux continent et à l’export va entraîner normalement une augmentation des importations, principalement en provenance de la Tunisie, mais aussi de la Turquie et d’autres origines qui ont affiché une production accrue.

Ainsi, si on se réfère aux observateurs oléicoles, la mauvaise situation du côté de l’Espagne et de l’Italie pourrait donner l’occasion à la Tunisie de consolider ses exportations sur le marché mondial.

La Tunisie, premier exportateur mondial de l’oléagineux hors Union Européenne devrait bénéficier, en principe, de la flambée des prix à l’international.

Et pour cause. En avril dernier, la tonne de l’huile d’olive s’est négociée sur le marché international autour de 6.269 $, soit 45 % plus que le tarif affiché un an plus tôt. Ce montant est le plus élevé depuis le suivi des statistiques en 1990 par le Fonds monétaire international (FMI). Dans le monde, l’huile d’olive est l’une des plus chères parmi les oléagineux de grande consommation.

Dans un tel contexte, des sources concordantes estiment que les exportations d’huile d’olive tunisiennes pourraient atteindre 200.000 tonnes en 2023/2024, ce qui va générer d’importantes recettes en devises dont on a besoin le pays.

Selon de récentes statistiques fournies par l’Observatoire National de l’Agriculture (Onagri), les recettes des exportations de l’huile d’olive tunisienne ont atteint 2,1 milliards de dinars, jusqu’à fin mai 2023, soit une hausse de 39,3%, par rapport à la même période de la campagne 2021-2022.

En termes de volume, les exportations ont enregistré une baisse de 3,8% par rapport à la même période de l’année écoulée, pour atteindre 142,6 mille tonnes.

Le prix moyen enregistré durant les sept premiers mois a augmenté de 44,8%, soit 15,01 DT/kg contre 10,37 DT/kg, enregistré au cours de la même période de la campagne précédente.