“La réforme des subventions à l’énergie peut contribuer à résoudre la crise macro-budgétaire, à améliorer la viabilité financière des entreprises de l’Etat et à stimuler la transition verte, mais la réforme doit minimiser les impacts sur les catégories vulnérables”. C’est ce qu’on lit dans un Bulletin de conjoncture sur la Tunisie “Réformer les subventions énergétiques pour une économie durable” (Printemps 2023), publié jeudi 30 mars 2023 par la Banque mondiale.

La BM souligne que “les subventions énergétiques ont constitué une dépense importante dans le budget de la Tunisie, représentant en moyenne 6,4% des dépenses publiques et 2,14% du PIB sur la période 2011-2021”. Mais ces charges se sont accrues avec la récente augmentation des prix mondiaux des produits de base, pour représenter 5,3% du PIB et 15% des dépenses publiques en 2022. Et d’évoquer ainsi “la dépendance croissante de la Tunisie vis-à-vis des importations d’énergie”.

La BM fait savoir que les importations d’énergie se sont élevées à 50% de la demande en Tunisie en 2022 (contre 7% en 2010), portant la facture d’importation d’énergie à 15 milliards de dinars, soit 10,3% du PIB, “ce qui explique la plus grande partie de l’augmentation du déficit du compte courant en 2022”.

A cela s’ajoute les problèmes financiers majeurs impactant la STIR et la STEG, étant donné que “les fortes fluctuations du prix international du pétrole et la dépréciation du dinar font que les subventions réelles sont bien plus élevées que les subventions budgétisées (sur la base des projections initiales du prix du carburant et du taux de change)”.

“Le gouvernement a rencontré, depuis plusieurs années, des difficultés à combler ces écarts, ce qui a entraîné des déficits financiers et un endettement accru des entreprises publiques absorbant le coût des subventions non versées”, note l’institution internationale.

Ces déficits grandissants réduisent la capacité des entreprises publiques à planifier et à investir pour garantir la sécurité de l’approvisionnement énergétique, selon la BM.

Partant de ce constat, elle indiqué que “la réforme des subventions à l’énergie doit être conçue avec prudence car elle pourrait avoir un important impact négatif sur les ménages les plus pauvres”.

Ainsi, l’institution de Bretton Woods recommande “une combinaison de hausse de tarifs et de distribution de transfert cash”, afin de compenser les ménages les plus pauvres et les aider à faire la transition vers un système différent.

Elle préconise, aussi, d’accompagner les réformes des subventions de programmes visant à aider les entreprises et les ménages à investir dans l’efficacité énergétique et l’autoproduction, ce qui est en mesure de “contribuer à maîtriser la pression inflationniste, maintenir la compétitivité des entreprises et soutenir la transition verte”.

Par ailleurs, la Banque relève que “la restructuration financière et la modernisation des entreprises publiques seraient des compléments essentiels aux réformes des subventions, pour permettre aux entreprises publiques du secteur de l’énergie de rétablir leur viabilité financière”.

Enfin, elle réitère l’impératif de développer les énergies renouvelables à grande échelle, afin de parvenir à réduire la dépendance aux combustibles fossiles et aux importations, tout en réduisant le coût de production de l’électricité.