Les Tunisiens ressentent les effets des changements climatiques mais en sont peu informés, selon une enquête sur l’environnement et le changement climatique menée par “Afrobarometer”, un réseau panafricain apolitique de recherche par sondage qui produit des données sur les expériences et appréciations des Africains relatives à la démocratie, à la gouvernance et à la qualité de vie.

Réalisée entre le 21 février et le 17 mars 2022 auprès d’un échantillon de 1 200 Tunisiens (+18 ans) par l’équipe d’Afrobarometer en Tunisie conduite par l’Institut de recherche et de sondage ” One to One for Research and Polling “, l’enquête révèle que seulement 22% des citoyens enquêtés ont entendu parler des changements climatiques, selon Youssef Meddeb, directeur et cofondateur de l’institut.

A ce titre, il rappelle que ce taux est le plus faible par rapport à une liste de 14 pays africains. En effet, ce taux atteint 70% au Gabon, 62% au Cameroun, 48% au Sénégal, 44% en Côte d’Ivoire et 30% au Nigéria.

En effet, en Tunisie les plus instruits (37%), les habitants du Grand Tunis (35%) et les plus nantis (32%) sont plus enclins à être informés sur les changements climatiques. Il rappelle que ces données ont été obtenues suite à des entretiens face-à-face dans la langue du répondant avec des échantillons représentatifs à l’échelle nationale et des marges d’erreur de +/-3% et à un niveau de confiance de 95%.

L’enquête a fait ressortir que la majorité de ceux qui sont informés sur les changements climatiques trouvent que le phénomène rend la vie pire aux Tunisiens (84%) et que la responsabilité première de limiter ses effets appartient aux pays riches et développés (53%) ainsi qu’au gouvernement.

Ils sont également majoritaires (59%) à approuver que les citoyens ordinaires puissent jouer un rôle important dans les efforts de lutte contre les changements climatiques et que le gouvernement devrait prendre des mesures urgentes contre ce problème (71%). Sept Tunisiens sur dix (69%) affirment que les sécheresses sont devenues plus graves au cours des 10 dernières années et seuls 14% des citoyens pensent la même chose sur les inondations, a indiqué la co-fondatrice de One to One, Imen Mezlini.

Selon l’échantillon, les sécheresses sont plus perçues par les ruraux et les habitants du Centre et du Sud. La pollution est un problème environnemental grave et rejoint la gestion des déchets parmi les problèmes environnementaux les plus importants du pays a fait ressortir l’enquête.

D’ailleurs, près de neuf Tunisiens sur 10 (88%) estiment que les problèmes de pollution tels que l’accumulation des déchets/ordures ou des dommages à la qualité de l’eau sont graves dans leurs communautés, y compris 76% qui les considèrent ” très graves “, selon la même source.

Les sacs plastiques constituent une source majeure de pollution selon la majorité des Tunisiens (79% de l’échantillon), suivi par la pollution des sources d’eau, la gestion des déchets humains et la pollution de l’air.

Par ailleurs, les Tunisiens restent divisés quant à choisir entre la protection de l’environnement aux dépens de la création d’emplois (45%) et la création d’emplois au détriment de la protection de l’environnement (44%).

S’agissant de l’extraction des ressources naturelles qui ont lieu près de leurs communautés, la grande majorité (83%) des Tunisiens souhaite davantage de réglementation environnementale, a révélé l’enquête.

Environ la moitié des citoyens affirment que les avantages l’emportent sur les coûts environnementaux (48%), mais que les citoyens ordinaires n’ont pas voix au chapitre des décisions prises (48%) et que les communautés ne reçoivent pas une part équitable des revenus (49%).

Des enquêtes ont été précédemment réalisées en Tunisie en 2013, 2015, 2018 et 2020, a-t-on rappelé. Huit rounds d’enquêtes ont été réalisés dans un maximum de 39 pays depuis 1999. Les enquêtes du Round 9 (2021/2022) sont en cours, a-t-on ajouté.