Plus de 100 médecins psychiatres de différentes régions de la Tunisie ont pris part aux 8èmes assises de psychiatrie privée organisées samedi à Sfax par l’Association des psychiatres d’exercice privé de Sfax et du Sud (APEPSS) autour du thème ” Bipolarité résistante”.

La bipolarité, où la personne bipolaire vit ses émotions avec intensité démesurée parfois difficile à maîtriser, se manifeste en effet à travers des états dépressifs, maniaques et mixtes à des degrés variables et peu contrôlés.

A noter que la prévalence de cette maladie dans la société serait de l’ordre de 8%, d’après le président de l’APEPSS, Habib Mahdi, qui fait savoir dans une déclaration à l’Agence (TAP), en marge des assises, que cette manifestation annuelle spécialisée dans les troubles bipolaires est le fruit d’un travail continu et de longue haleine de l’association depuis sa création en 2013.

Ces assises se distinguent toujours, enchaîne-t-il, par un échange fructueux entre les jeunes psychiatres et les chevronnés avec la présence régulière de l’expert international de renommée et spécialiste des troubles de l’humeur et des troubles obsessionnels compulsifs (TOC).

Mahdi a mis l’accent sur l’intérêt du thème choisi, à savoir la ” Bipolarité résistante ” qui se veut un problème sérieux dans la prise en charge des cas de troubles d’humeur où les malades résistent aux médicaments et n’affichent pas de bons résultats en termes de guérison.

Pour sa part, l’expert Elie Hantouche, qui a accompagné les assises depuis leur création, considère que les psychiatres tunisiens sont très ouverts et accumulent beaucoup de succès.

Il s’est félicité de la régularité des assises (hormis les deux années du Covid-19) et de choix réfléchis et successifs des thématiques couvrant les différentes facettes de la maladie, sachant que les éditions précédentes avaient soulevé des problématiques aussi diverses que ” Le tempérament “, ” Le rétablissement “, ” Est-ce que sommes-nous tous bipolaires? “… Le choix du thème des 8èmes assises, celui des cas résistants, est pour l’expert libanais un thème de première importance, puisque 40 à 60% des malades, que les psychiatres soignent, sont résistants et ne répondent pas au traitement, d’où la nécessité de connaitre les raisons que cherchent à comprendre les spécialistes dans ces assises.

Il serait très judicieux de réfléchir ensemble sur le bon diagnostic, la manière de faire les évaluations, le choix des médicaments, la prescription des doses et la prise en charge globale, assure Elie Hantouche et met en garde : “un diagnostic est un plan d’action et non une étiquette”.

Répondant aux questions des jeunes psychiatres, lors de la table ronde intitulée ” Traiter les cas complexes et résistants “, il a fait savoir qu'”en l’absence d’un diagnostic et de régulateur, les médicaments peuvent aggraver la maladie, au lieu d’éviter les fausses résistances”.

Par ailleurs, la présidente de l’Association Santé et Environnement, Amel Mabrouk Bekir, a évoqué le rôle très important que peuvent jouer les cellules d’écoute dans les établissements éducatifs et universitaires pour la découverte précoce du problème de bipolarité très répandu aujourd’hui chez les jeunes et confondus souvent avec les problèmes dits de disciplines et de difficultés scolaires.