Biodiversité : La restauration de la Grande nacre en Méditerranée en préparation

Un programme régional de restauration de la Grande nacre (Pinna nobilis), mollusque bivalve marin endémique de la Méditerranée et espèce menacée d’extinction, sera bientôt adopté.

Il s’agit d’une initiative du Centre d’activités régionales pour les aires spécialement protégées (SPA/RAC), relevant du Plan d’action pour la Méditerranée du PNUE (PNUE/PAM) – Convention sur la protection du milieu marin et du littoral de la Méditerranée (Convention de Barcelone).

Pour valider ce programme et coordonner les efforts engagés à l’échelle des pays pour préserver cette espèce actuellement en forte régression, un atelier régional réunissant des scientifiques de toute la région se tient à Tunis, les 20 et 21 juin 2022.

“Une fois validé, ce programme sera mis en œuvre sur la période 2023-2028”, a indiqué le directeur du SPA/RAC Khalil Attia.

La Grande nacre, ou Pinna nobilis, est une espèce qui vit uniquement en mer Méditerranée. C’est le plus grand mollusque bivalve marin de la région, pouvant atteindre 1 mètre de long. Elle constitue un habitat pour plusieurs espèces.

Au cours des années 80, les populations de la Grande nacre ont fortement diminué en raison des activités de pêche, de la récolte ornementale et de l’ancrage. Les mesures de protection entreprises dans le cadre de la Convention de Barcelone et de son Protocole relatif aux Aires spécialement protégées et à la diversité biologique en Méditerranée ont permis de restaurer l’espèce.

Mais, en 2016, un événement de mortalité massive est apparu au sud-ouest de la Méditerranée, avec des taux de mortalité pouvant atteindre 80 à 100%. Le problème ne cesse de s’aggraver et touche actuellement les côtes espagnoles, françaises, italiennes et tunisiennes.

Le protozoaire Haplosporidium pinnae, un micro-organisme pathogène qui affecte le système digestif du mollusque, a été initialement considéré comme la principale cause de mortalité. D’autres études, plus récentes, mettent en cause plusieurs espèces de bactéries.

Ceci suggère qu’une maladie multifactorielle pourrait être responsable de la mortalité massive. Dès l’apparition du problème, des initiatives ponctuelles de restauration ont vu le jour en attendant l’adoption du programme régional.

Nette réduction de l’espèce dans les eaux tunisiennes

Présente à l’atelier, la ministre de l’Environnement, Leila Chikhaoui, a précisé que “la Pinna Nobolis est aussi présente dans les eaux tunisiennes et ses populations ont subi une nette réduction en raison, principalement de leur sensibilité à la pollution marine, la destruction des herbiers de Posidonie constituant leurs habitats par les ancres et les chaluts, leur prélèvement par les plongeurs pour leur beauté”.

Et d’ajouter “en 2018, dans le cadre de la gestion des aires marines et côtières protégées et pour faire face à la mortalité massive du bivalve Pinna nobilis, l’Agence de Protection et d’Aménagement du Littoral (APAL) en collaboration avec l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et le SPA/RAC a planifié la mise en place d’un réseau de suivi et de surveillance des populations de Pinna nobilis”.

“Certains actions de surveillance sont en cours dans le cadre de travaux de recherches de thèses comme dans le cas de la lagune de Bizerte ou dans le cadre des activités d’ONG à travers des projets (baie de Monastir/îles Kuriat au Centre ou Ras Remal à Djerba)”.

Réitérant la solidarité indéfectible de la Tunisie avec la communauté internationale pour le soutien des causes environnementales, la ministre a considéré que ” la restauration de la Pinna nobilis n’est pas seulement une affaire d’un seul pays, c’est un effort collectif auquel tous les pays doivent contribuer, d’où la nécessité d’une stratégie régionale fixant les priorités et les activités à mener “.

Suite à cet atelier régional, une formation pour la démonstration des techniques de restauration de la Grande nacre sera organisée par le SPA/RAC à Kerkennah du 28 au 30 juin 2022. Il s’agira notamment de collecter des juvéniles de Pinna nobilis et de les placer dans des sites d’élevage afin de favoriser la recolonisation.