Les experts tunisiens, qui ont fortement critiqué la Banque centrale de Tunisie (BCT) pour avoir augmenté, durant la période de Covid-19 et de la guerre russo-ukrainienne, le taux d’intérêt directeur, alors que les Banques centrales de pays exposés directement à ces fléaux n’ont pas osé le faire, à l’instar de la Banque centrale européenne (BCE), viennent de perdre cet argument. Et pour cause.

Par la voix de sa présidente, Christine Lagarde, la BCE a annoncé qu’elle va augmenter ses taux directeurs de 25 points de base en juillet et de 25 points de base minimum supplémentaires en septembre. A travers cette décision, la BCE entend anticiper une normalisation de l’inflation et une reprise de la croissance en 2024.

Cette augmentation des taux d’intérêt va se répercuter négativement sur le service de la dette tunisienne dont une grande partie est libellée en euro, ce qui pourrait accroître le déficit de la balance des paiements.

La BCE, qui était depuis 2019 dans « une logique de dominance fiscale », c’est-à-dire dans une situation où face à une inflation générée par un facteur exogène (augmentation des prix des matières premières à l’international), a décidé de ne pas se focaliser sur ce facteur et de se concentrer sur la relance économique, le soutien des entreprises, la sauvegarde du pouvoir d’achat des ménages et l’appui budgétaire.

Les experts tunisiens, dont Abdelkader Boudriga, président du Cercle des financiers tunisiens, y ont toujours perçu la démarche de la BCE comme une démarche saine que la BCT aurait dû s’en inspirer, au grand bonheur des entreprises et ménages tunisiens. Pour ces mêmes experts, le principe étant « en situation de crise, tous les dogmes, tous les paradigmes classiques de l’intervention publique de la politique monétaire doivent être révisés ». Autrement dit : « On ne peut pas rester au niveau du dogme classique, celui d’avoir peur de l’inflation », disent-ils.

Alors que diront-ils maintenant ?

ABS