Le président du Groupe de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, a présenté, mercredi 11 mai 2022, de solides arguments pour convaincre les États-Unis de soutenir le Plan de production alimentaire d’urgence de 1,5 milliard de dollars proposé par l’institution. Ce plan vise à éviter une crise alimentaire imminente en Afrique causée par la guerre de la Russie en Ukraine.

Le président de la Banque a apporté, parmi d’autres invités, son témoignage sur l’insécurité alimentaire mondiale et les impacts persistants de la pandémie de Covid-19 devant la sous-commission des crédits du Sénat américain chargée de l’État, des opérations étrangères et des programmes connexes. Les sénateurs Chris Coons (Delaware), Lindsey Graham (Caroline du Sud), Dick Durbin (Illinois), Chris Van Hollen (Maryland) et Roy Blunt (Missouri) entre autres ont participé à l’audition.

Le sénateur Coons, président de la sous-commission, a souligné que les États-Unis devaient agir rapidement et fournir un financement suffisant. « Nous devrions être inquiets et même alarmés par la crise de sécurité alimentaire croissante que cette guerre provoque pour des centaines de millions de personnes bien au-delà de l’Europe de l’Est », a-t-il déclaré.

Le sénateur Graham a exprimé, pour sa part, son soutien à la création d’un fonds mondial pour la sécurité alimentaire.

S’exprimant en direct par visioconférence depuis Accra au Ghana, Adesina a déclaré que le « Plan de production alimentaire d’urgence pour l’Afrique » proposé par la Banque permettrait de produire rapidement 38 millions de tonnes de nourriture à travers l’Afrique au cours des deux prochaines années. « La Banque africaine de développement, avec votre soutien, est prête à relever ce nouveau défi et d’autres encore », a-t-il souligné.

Le plan est axé sur la fourniture de semences certifiées de variétés adaptées au climat à 20 millions d’agriculteurs africains. Avec la perturbation des approvisionnements alimentaires résultant de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, l’Afrique est confrontée à une pénurie d’au moins 30 millions de tonnes métriques de denrées alimentaires, en particulier de blé, de maïs et de soja importés de ces deux pays.

Un plan africain de production alimentaire d’urgence

Adesina a déclaré que la Banque africaine de développement investirait 1,3 milliard de dollars dans la mise en œuvre du plan. Il a appelé les États-Unis à combler le déficit de financement. « Avec le soutien des États-Unis pour réduire le déficit de financement de 200 millions de dollars, nous pouvons assurer le succès du Plan africain de production alimentaire d’urgence », a-t-il soutenu.

Le Plan africain de production alimentaire d’urgence est actuellement soumis à l’approbation du Conseil d’administration de la Banque africaine de développement.

David Beasley, directeur exécutif du Programme alimentaire mondial, et Tjada D’Oyen McKenna, directrice générale de l’organisation non gouvernementale Mercy Corps, ont également apporté leur témoignage.

En effet, McKenna a déclaré que « toutes les conditions sont réunies pour que s’installe une insécurité alimentaire mondiale accrue, pire, bien pire que les précédentes crises alimentaires de la dernière décennie ». Elle a cité la pandémie de Covid-19 et le changement climatique comme facteurs aggravants de l’insécurité alimentaire actuelle.

De son côté, Beasley a souligné que l’insécurité alimentaire avait déjà commencé à augmenter fortement avant la guerre. Il a indiqué que 135 millions de personnes souffraient d’insécurité alimentaire aiguë avant le début de la pandémie. « Le Covid-19 est apparu, et ce chiffre est passé de 135 millions à 276 millions de personnes menacées de famine ».

Le président de la BA indique que le Plan de production alimentaire de la Banque africaine de développement favoriserait la production d’aliments nutritifs plutôt que de simples calories. « L’une des choses que nous soutiendrons dans le cadre de ce Plan de production alimentaire d’urgence, ce sont les aliments biofortifiés. Le sorgho enrichi en fer. La supplémentation nutritionnelle est importante », a-t-il insisté.

Il a souligné que l’institution organisait des réunions avec des entreprises internationales d’engrais pour discuter des moyens de garantir que les agriculteurs africains continuent d’avoir accès à ces intrants. « Si nous ne résolvons pas le problème des engrais, nous ne pourrons pas résoudre le problème alimentaire ».

Adesina estime que le Plan africain de production alimentaire d’urgence aurait un impact à long terme sur la productivité alimentaire de l’Afrique. Cette initiative permettra de « conduire les changements structurels dans l’agriculture, afin de libérer tout le potentiel de l’Afrique pour qu’elle devienne un grenier pour le monde », a-t-il déclaré.

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À propos du Groupe de la Banque africaine de développement :

Groupe de la Banque africaine de développement est la principale institution du financement du développement en Afrique. Il comprend trois entités distinctes : la Banque africaine de développement (BAD), le Fonds africain de développement (FAD) et le Fonds spécial du Nigeria (FSN).

Représentée dans 41 pays africains, avec un bureau extérieur au Japon, la Banque contribue au développement économique et au progrès social de ses 54 Etats membres régionaux.

Pour plus d’informations: www.AfDB.org