CONECT Agri appelle mardi dans un communiqué, l’Etat “à continuer à s’engager auprès des agriculteurs de la filière du colza atomisés face à la puissante industrie agroalimentaire, pour équilibrer les négociations entre les différents intervenants de la filière du colza et œuvrer à l’émancipation progressive des agriculteurs, catégorie vulnérable ou des mécanismes fédératifs des producteurs ne se sont pas opérationnels”.

Ce syndicat agricole relevant de la confédération des entreprises citoyennes de Tunisie, part du constat “de l’absence d’organismes de producteurs (OP) non seulement dans le secteur du colza mais dans la quasi-totalité des secteurs agricoles à même de se positionner en interlocuteur capable de défendre ses intérêts dans une filière et relève que les producteurs agricoles ne sont pas encore organisés pour s’extraire du ” système de l’Etat providence” dans lequel il a été maintenu depuis des décennies”.

Et de préciser qu'”après consultation des différents intervenants de la “filière colza”, producteurs, triturateurs, fournisseurs de semences et pesticides, fabricants d’aliments pour animaux d’élevage (pour les tourteaux) ainsi que l’administration agricole, Il s’est avéré que le triturateur principal, Carthage Grains, sans l’avis du comité de suivi, institué lors du lancement de cette filière avec l’accord officiel du Ministre de l’époque, Lassâad Lachâal, a annoncé unilatéralement le nouveau prix à la production du quintal de colza, 150DT , à la veille de la promulgation du nouveau prix à la production des céréales (prix payé aux agriculteurs) par l’office des céréales”.

“Toutes ces augmentations ont fait suite à l’augmentation inédite des cours mondiaux des produits alimentaires et ce quelques mois avant le déclenchement de la guerre d’Ukraine, à l’instar de la totalité des ressources minières, énergétiques…

Ainsi, le cours du colza a commencé son ascension avant la campagne agricole actuelle, dés le mois d’août 2021 (180DT /quintal pour 110DT payé à l’agriculteur), mais Carthage Grains avait refusé alors d’en tenir compte, et avait, lors des “négociations” de lancement de la saison 2021/22 , daigné une timide augmentation de 15DT amenant le prix du quintal à 125DT, monopole oblige. Les cours du colza ayant continué leur progression atteignant 300,000DT/quintal environ actuellement”.

CONECT Agri juge “inacceptable et révoltant la proposition unilatérale de Carthage Grains qui a donc “consenti”, une nouvelle augmentation “offrant” 150 DT au producteur tunisien, à savoir la MOITIE du cours mondial, et ce en dehors du cadre de décision collectif convenu.

D’autant plus que l’Etat tunisien subventionne les intrants, particulièrement l’ammonitre (72DT/quintal pour un coût qui a atteint 300DT), autant les servir directement à Carthage Grains qui revendra de surcroît, “légalement” l’huile de colza, après trituration, au prix du marché…international”.

“Tout ceci, malgré les accords passés pour la construction de la FILIERE COLZA avec l’administration agricole et la profession où CONECT Agri a été aux avant-postes, accords qui visaient l’institutionnalisation de cette démarche filière par l’adossement au comité de suivi, de deux commissions, technique et scientifique, par décret ministériel”, a conclu le syndicat.