La nécessité de mettre en place une terminologie claire par rapport à la notion de forêt urbaine en Tunisie et une assise juridique précisant l’importance de cette catégorie de forêt et les modalités de sa gestion et sauvegarde, a été soulevée par le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), dans un nouveau rapport sur les forêts tunisiennes.

Le rapport intitulé ” Forêts tunisiennes, entre marginalité territoriale et valorisation des ressources naturelles. Regards croisés entre gestionnaires et usagers ” a étudié les cas des forêts de Sidi Amor au gouvernorat de l’Ariana et de Radès à Ben Arous.

Il a indiqué que les espaces forestiers situés au nord des enceintes centrale et péricentrale de Tunis ont fait l’objet d’un usage massif de leurs potentialités économiques et écologiques par le recours à l’implantation des activités naissantes et polluantes.

La croissance urbaine a été effectuée au détriment des régions forestières périphériques qui sont mutées sous l’effet des interventions des acteurs publics et ordinaires. La dégradation du paysage forestier est consécutive aux logiques des acteurs en matière de la gestion des forêts.

Le rapport déplore ainsi le fait que les textes juridiques n’offrent en aucun cas les possibilités d’intégrer la population autant qu’usager et acteur pour le maintien et l’exploitation des potentialités des ressources naturelles.

En effet, bien que la Tunisie se soit inscrite, en 2006-2007, dans le cadre d’une politique environnementale valorisant les espaces verts d’une manière générale afin de promouvoir la qualité de vie des habitants, à travers la mise en place d’institutions et d’un cadre législatif avec des campagnes de sensibilisation, elle l’a toutefois fait sans impliquer les acteurs locaux et particulièrement la population.

Une défaillance au niveau des mécanismes de gestion et le non recours à la concertation et à l’approche participative ont ainsi constitué une entrave à la réussite de cette politique.

Par ailleurs, le flou caractérisant la législation par rapport à la protection des forêts urbaines, exposent ces forêts à toutes sortes de menaces (grignotage progressif, incendies, vandalisme, propagation de l’habitat anarchique, le dépôt des ordures…mais également par une pression importante sur le foncier de la part de certains acteurs publics).

Le FTDES plaide ainsi pour une démarche participative qui implique toutes les parties prenantes (autorités, société civile, population) pour s’accorder sur une terminologie claire par rapport à la notion de forêt urbaine en Tunisie et sur l’habillage juridique nécessaire à la bonne gestion et à la sauvegarde des forets urbaines.

Et de rappeler qu’une forêt urbaine est un concept définit par l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) en 2017 comme ” Un réseau ou un système incluant toutes les surfaces boisées, les groupes d’arbres et les arbres individuels se trouvant en zone urbaine et périurbaine, y compris, donc, les forêts, les arbres des rues, les arbres des parcs et des jardins, et les arbres d’endroits abandonnés”.

Il souligne que les forêts urbaines qui sont dotées à la fois de fonctions écologiques, environnementales et sociales constituent des éléments structurants de la ville, mais qu’elles subissent de fortes pressions et toutes sortes de menaces.