Il aura vécu par et pour la plume ! Amoureux de la beauté et de la pureté de la langue de Molière, il ne supportait pas qu’on la “transgresse”. Malheureusement, il fut confronté à cette situation durant toute sa vie, parce qu’il vivait en Tunisie, où la langue française –au sens large du terme – se meurt chaque jour. C’est une très grosse perte pour les amoureux de la langue française… en Tunisie.

Il, c’est Mohamed Bouamoud, décédé mercredi 24 novembre 2021 après un long combat contre la maladie. Heureusement – oui c’est le cas de le dire -, il a légué à la postérité des écrits journalistes mais aussi quelques romans d’une haute facture, à savoir : Visages – Essayda El Mannoubyya –  Bouaziz ou l’étincelle qui a destitué Ben Ali – La princesse de Bizerte – Ce qu’Allah n’a pas dit – Tristes oasis –  Les années de la honte – La profanation – et le dernier Points de suspension.

Ceci expliquant sans doute cela, Mohamed Bouamoud ne comptait pas beaucoup d’amis, parce qu’il ne supportait la méchanceté gratuite, la médiocrité, l’infamie, la bassesse et tant d’autres choses. Par contre, il était très fidèle à l’amitié.

Dans ce qui suit, nous présentons des témoignages publiés sur les réseaux sociaux, ainsi que ceux de deux journalistes ayant travaillé avec lui. C’est édifiant pour comprendre la personne de Mohamed Bouamoud.

D’abord, Ali Laïdi Ben Mansour titre « Bouamoud part sans crier gare ! », et développe son idée :

« Mohamed Bouamoud a tiré sa révérence la semaine dernière. Brusquement. Tout seul. En silence. Sans même avoir dit au revoir, lui qui ne te quittait jamais sans son large grand sourire. Nous, ses amis, ses proches, nous avons été atterris par la nouvelle. Mais, la mort est une vérité sans contradiction aucune.

J’ai connu Mohamed à la fin du siècle dernier. Vers les débuts des années 90 quand il a atterri un jour dans la rédaction du magazine “Réalités“. Il écrivait en français, et je m’occupais de la rédaction arabe du magazine. Mais très vite, au bout de quelques jours, et de plusieurs cafés partagés dans la cafète du coin, on est devenus amis.

Bouamoud était francophone, il possédait une plume d’une rare richesse et beauté. Et tout francophile qu’il était par la force des choses, il était Tunisien et arabophone dans l’âme. Il aimait la musique, la peinture, les anecdotes scabreuses, la poésie arabe, les sports. Il haïssait surtout la médiocrité.

Un romancier, un grand comme Bouamoud, se lamentait sans cesse de la baisse flagrante du niveau intellectuel de nos débats et de nos productions artistiques.

Il aimait la vie et tu ne pouvais pas passer cinq minutes avec lui sans rire aux éclats même de nos malheurs les plus certains.

Il est vrai que nous ne sommes pas rencontrés depuis longtemps mais on s’est plusieurs fois téléphonés pour les fêtes ou pour se dire bonjour. Ainsi quand j’ai su qu’il nous a quittés sans crier gare, je me suis rappelé que ce sont les meilleurs d’entre nous qui partent les premiers.

Adieu Mohamed. Adieu l’ami ».

Pour sa part, Mohamed Ali Ben Sghaïer, journaliste à REALITES, rend un vibrant hommage à notre ami journaliste disparu, en titrant justement son témoignage par « Hommage à Bouamoud ».

« L’annonce de la disparition de notre collègue Mohamed Bouamoud est tombée comme un hachoir. C’était le mercredi 24 novembre au soir, subséquemment au coup de téléphone que je reçus de la part de mon collègue, le journaliste photographe Lamine Farhat, m’informant que Bouamoud était passé de vie à trépas, au grand dam de tous ceux qui l’ont côtoyé de près ou de loin, et apprécié à leur juste valeur son inénarrable aménité et sa poignante bonhomie. Une nouvelle atterrante qui résonne encore comme le plus lugubre des glas.

C’est qu’en compagnie de Bouamoud, j’ai partagé d’ineffables souvenirs. Il était l’ami, le collègue et le maître. Je lui serai toujours reconnaissant de m’avoir encadré et soutenu dès mon arrivée à REALITES, fin 2001.

D’une humeur accommodante, pesant et soupesant avec pondération ses mots, l’homme à la plume élégante et distinguée forçait le respect de tout un chacun.

Bouamoud était un journaliste polyvalent, un journaliste complet même. Certes, Il a brillé dans son domaine de prédilection, la culture, mais il ne rechignait jamais à venir en aide à ses collègues relevant d’autres services. Il a réussi, grâce à ses compétences avérées, son savoir-faire, à creuser impérialement son sillon.

Bibliophile averti, Bouamoud a non seulement mené une carrière de journaliste émérite, mais aussi et corrélativement celle d’un romancier doué et talentueux. En témoignent les prix qu’il a reçus pour ses ouvrages, tels “Essayda Mannoubia”, “La princesse de Bizerte”, “Visages”, etc.

J’ai connu Mohamed Bouamoud, l’homme intègre, scrupuleux et honnête, l’infatigable cheville ouvrière. Généreux, clément, indulgent, Bouamoud a toujours entretenu des rapports exceptionnels avec ses collègues.

Autour de lui, les amis n’étaient pas légion, il triait au volet les siens. D’ailleurs, nous reprochions parfois à Bouamoud sa propension à la solitude. Il nous rétorquait gravement et dignement qu’ «il valait, quand les circonstances le dictaient, mieux être seul qu’en fourbe et félonne compagnie». En parfaite communion avec la taciturnité, la discrétion qui confinent à l’introversion. La posture des grands penseurs pour ainsi dire.

Paix à son âme ».

Hechmi Ammar, président directeur général du groupe webmanagercenter.com, qui a été peut-être le dernier directeur des journaux à rencontrer Mohamed Bouamoud, moins d’une semaine avant son décès, n’en revient toujours pas. Il nous a confié avoir été « très affecté par cette disparition ». Et il y a de quoi, parce que lorsque Bouamoud est passé nous rendre une visite qui s’avéra être un «adieu» dans les locaux de notre magazine aux Berges du Lac 1, six jours auparavant, les deux hommes ont convenu de travailler sur plusieurs sujets. On aura compris que cela ne se fera jamais, car le destin en a décidé autrement.

Enfin, voici quelques posts sur les réseaux sociaux glanés ici et là.

« Mon cher ami Mohamed Bouamoud est parti pour un monde qu’on dit meilleur, laissant comme héritage les angoisses et les échecs de sa vie, dans une société
qui ne pardonne jamais la solitude de l’homme libre ».

Hassouna Mosbahi

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« Je me rappelle une chose qui me fait rire et pleurer à la fois. Il y a quelques années, quelques décennies ou siècles je ne sais plus, Mohamed est venu à la soutenance de ma thèse de doctorat. Il a fondu en larmes quand il a écouté les critiques d’un rapporteur. Ça l’a beaucoup affecté. Il ne savait pas que ça faisait partie du jeu. Il n’a pas pu rester jusqu’à la fin. Il n’a pas supporté. Je l’ai regardé, je ne pouvais rien faire. Seuls mes yeux le suppliaient de rester. Il est parti en pleurant.

Voilà, Mohamed part quand il veut, portant toujours ses lunettes noires ou plutôt ce sont elles qui le portaient pour cacher sa sensibilité et envelopper sa fragilité inouïe…»

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Nahla Zid

« Tes taquineries, ton affection, ton amitié et nos restos, nos rires vont bcp me manquer…
On était des collègues, des amis et surtout des confidents. La littérature et la presse nous a réunis certainement dans d’autres cieux…moins pesants ».

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« Allah akbar je viens de perdre mon ami d’enfance “wild houmti“ Mohamed Bouamoud, romancier et journaliste hors pair. Il a une très belle plume, j’ai souvent publié ces romans sur mon mur “essayda el manoubiya“, “La princesse de Bizerte “******). Je lui ai promis de lire son dernier roman et de le publier sur mon mur, je le ferai inchallah Dommage que tu ne seras pas là.

Allah yarmik très cher ami, wallahi je ne crois pas à ton départ encore sous le choc ! » (Dorra Béjaoui El Mokhtar)

« BOUAMOUD DIT TOUJOURS qu’il va mourir debout. Et aujourd’hui lors de son enterrement, quelqu’un de sa famille a dit qu’ils l’ont trouvé mort debout dans la salle de bain. Chewitni. Paix à ton âme Mohamed»

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