Dans la vie politique, il faut réfléchir avant d’agir. Car, le plus souvent, nos actes nous suivent des années voire des décennies après. En effet, depuis 2011, il n’a échappé à personne que le parti de Rached Ghannouchi a utilisé la justice tunisienne, au sens large du terme, pour ses intérêts, aussi bien publics que privés.

Seulement voilà, tout ou presque change dans la vie. Et malheureusement pour Ennahdha et ses partisans, c’est une sorte de retour de manivelle. Il fallait y penser avant.

En effet, depuis le 25 juillet 2021, le mouvement Ennahdha n’est plus dans la partie, pire, toutes ses affaires vont être disséquées par la justice en gestation. Alors, les nahdhaouis crient aujourd’hui au loup en disant que “la présidence de la République fait main basse sur la justice”.

Dans une déclaration publiée jeudi 4 novembre 2021 à l’issue de la réunion de son bureau exécutif, Ennahdha estime que “le Conseil supérieur de la magistrature est un acquis constitutionnel. Il faut respecter son rôle pour garantir le bon fonctionnement de la justice et son indépendance”. Tiens !

Le parti va plus loin pour considérer que “la réforme de la justice ne doit se faire qu’à partir d’une vision conforme aux dispositions de la Constitution et avec la participation de toutes les structures concernées”. “La réforme de la justice ne peut en aucun cas découler de décisions unilatérales imposées par le pouvoir exécutif; des décisions qui sont en violation des dispositions de la Constitution”, martèle le parti islamiste.

Toujours dans ses diatribes, Ennahdha ne digère pas “la suppression du ministère des Affaires locales et son rattachement au ministère de l’Intérieur”, car il s’agit “d’une tentative d’assujettir le pouvoir local que représentent les conseils municipaux élus directement par le peuple”.

Là également, depuis 2011, les islamistes se sont servis des “affaires locales” pour se maintenir et agir comme bon leur semble. Il est donc normal qu’ils s’inquiètent aujourd’hui de la perte de ce “filon” électoral.

A rappeler que le président de la République, Kaïs Saïed, a chargé la ministre de la Justice d’élaborer un projet sur le Conseil supérieur de la magistrature (CSM).

De son côté, le CSM a fait part de son refus de toute réforme de la justice dans le cadre des mesures exceptionnelles.

En fait, Ennahdha a raison sur un point : “la réforme de la justice ne doit se faire qu’à partir d’une vision conforme aux dispositions de la Constitution et avec la participation de toutes les structures concernées”. Toutefois, à défaut d’une justice capable de se réformer par elle-même, comme du reste pour d’autres domaines (Cour constitutionnelle, loi électorale, diplomatie et coopération, import/export, etc.), il faut quelqu’un pour le faire. Pour le moment, ce quelqu’un s’appelle Kaïs Saïed.

Il manque d’expérience politique, c’est certain, mais le droit, la Constitution, la justice, ce sont des domaines qu’il maîtrise. Et toutes ces accusations de “violer la Constitution”, de “vouloir instaurer la dictature”, de “menace des libertés fondamentales”… émanent des gens ou parties qui ont perdu leurs privilèges. D’ailleurs, aucun dictateur, à notre connaissance, ne tolère d’être critiqué par les médias de son pays.

Tout ceci pour dire que la vraie démocratie c’est celle qui permet à ses citoyens de marger à leur faim, de pourvoir s’éduquer, se déplacer, s’habiller. Est-ce que c’est le cas en Tunisie aujourd’hui? Certainement pas. Le reste n’est que théorie et idéologie.

Par conséquent, il est préférable un Kaïs Saïed “dictateur éclairé”, c’est-à-dire qui tente de satisfaire les besoins de son peuple qu’une démocratie fictive qui ne profite qu’à une infime partie du peuple, ce qui dévoie le sens même de la démocratie.

Un mot à l’adresse de nos partenaires étrangers : ne vous laisser pas berner par Ennahdha et compagnies, parce que si vous analysez bien la situation, vous comprendrez que le parti islamiste a abusé dans tous les domaines. Des prêts et dons qui vous nous avez accordés ont été détournés de leur objectif. Les réformes -que vous réclamez à cor et à cri- n’ont pas abouti par faute de ce parti. Comparez la Tunisie d’avant et d’après 2011.

TB