L’activité bancaire a évolué durant l’année 2019 dans un contexte marqué d’une part, par la poursuite du ralentissement de la croissance économique et d’autre part, par le resserrement de la politique monétaire combiné à l’activation de l’instrument macro-prudentiel «Crédit/Dépôts». L’effet conjugué de ces facteurs s’est traduit par une rationalisation de l’activité de crédit avec une évolution de 3,6 % et une meilleure maitrise du risque de transformation impulsée par une reprise de la progression des dépôts en dinars de 11,7 %.

Corrélativement, les pressions sur la liquidité des banques se sont nettement atténuées en 2019 comparativement à fin 2018 comme en témoigne la baisse remarquable du recours au refinancement sur le marché monétaire de 24% avec une amélioration du ratio moyen «Crédits/Dépôts» de plus de 10 points de pourcentage pour se limiter à 122 %.

La crise sanitaire liée à la COVID-19, a constitué une épreuve réelle de stress qui a touché de plein fouet quasiment l’ensemble des secteurs économiques en 2020. Les banques et les établissements financiers ont fait preuve de résilience opérationnelle grâce à leurs plans de continuité d’activité et ont assuré la continuité de leurs services aux entreprises et aux ménages.

Dans ce contexte, la BCT a réagi de manière proactive et énergique dès le début de la crise en mettant en place un ensemble de mesures d’ordre monétaire, économique et prudentiel, qui visent à appuyer l’action du Gouvernement dans sa lutte contre cette pandémie, à circonscrire la portée de la crise sur l’activité économique et à préserver la stabilité financière.

Toutes les réformes structurantes entreprises par la BCT durant la dernière décennie en l’occurrence le renforcement du cadre légal, réglementaire et prudentiel et la restructuration des banques publiques, ont permis de consolider les assises financières du secteur et sa capacité à financer l’économie.

A la faveur de la suspension de la distribution des dividendes décidée par la BCT en mars 2020 en tant que mesure préventive, les banques sont parvenues à renforcer davantage leurs assises financières avec un ratio de solvabilité sectoriel moyen de 13,2% à fin 2019, ce qui confère aux banques un coussin de fonds propres pour absorber l’impact éventuel attendu de la crise.

Le stress test conduit par la BCT durant le second semestre 2020, sur les banques de dépôts résidentes, a confirmé la capacité de résilience des principales banques même dans un scénario extrême et leur capacité à soutenir les opérateurs économiques durant les prochains exercices.

Cela étant et vu que la crise sanitaire n’a pas encore livré tous ses impacts sur les opérateurs économiques, la BCT continuera à assurer une surveillance rapprochée des risques bancaires et veillera à prendre toutes les mesures requises pour garantir une identification et une couverture adéquates des risques avérés et latents.

Parallèlement, la BCT, en tant que garant de la stabilité du secteur bancaire, œuvrera d’une manière proactive pour prendre toute mesure nécessaire pour assurer l’équilibre entre les deux objectifs antagonistes ; à savoir la préservation du tissu économique tout en garantissant la solidité financière du secteur bancaire.

Dans ce sillage et bien que la crise sanitaire ait perturbé la mise en œuvre du plan stratégique de convergence vers les standards internationaux, la BCT continuera à avancer dans les différentes composantes de ce plan et veillera sur une meilleure articulation tout en maintenant inchangée sa démarche de concertation avec le secteur et en tenant compte du contexte et de la capacité des banques à supporter ces réformes.

Il sied de rappeler dans ce cadre que les années 2019 et 2020 ont été consacrées à l’achèvement des piliers 1 et 2 de Bâle 2 à travers l’avancement dans le projet de la révision de l’approche de calcul du risque de crédit et le projet du passage du cadre prudentiel des fonds propres d’une base sociale à une base consolidée.

Aussi, le projet d’adoption des normes IFRS, qui constitue un projet structurant pour la place financière et un véritable challenge dans ce contexte austère, a-t-il été effectivement engagé par la BCT à travers la publication de la circulaire aux banques et aux établissements financiers n°2020-01 fixant les mesures préalables pour l’adoption des normes IFRS.

Dans cette dynamique de réformes, le paysage financier sera marqué en 2021 par le démarrage de l’activité des établissements de paiement, ayant obtenu en 2020 l’accord de principe pour l’exercice de cette activité dans une optique de promotion de l’inclusion financière et du développement des paiements électroniques.

Marouane EL ABASSI – Gouverneur