Depuis 2017, l’Union pour la Méditerranée (UpM) s’est lancée dans l’amélioration de la situation de la femme dans les sociétés de la région méditerranéenne à travers des projets à caractère économique mais aussi social et culturel. A l’occasion de la Journée internationale de la femme, le secrétaire général de l’UPM, Naceur Kamal, a accordé à l’agence TAP dans laquelle il présente les différents projets qui ciblent la femme dans les pays des deux rives de la Méditerranée.

Des indicateurs… et des politiques publiques

Au cours des quatre dernières années, les pays concernés par le dossier de la femme, dont la Tunisie, se sont mis d’accord sur une dizaine d’indicateurs sur la base desquels ils allaient mettre un système de monitoring pour la situation de la femme dans la région, explique Naceur Kamel. “Ils volontairement accepté l’idée qu’ils vont commencer à faire un monitoring pour détecter les lacunes par rapport à ces indicateurs qui couvrent tous les domaines lié à la problématique genre dans les sociétés des pays du sud mais aussi du nord de la méditerranée”.

Les quatre indicateurs phares

Les pays se sont réunis autour de 4 indicateurs principaux de l’autonomisation de la femme sur le plan régional à savoir: la place de la femme dans les positions de prise de décision, la participation économique de la femme, la lutte contre la violence à l’égard de la femme et des filles et la lutte contre les stéréotypes sexistes sur les femmes dans la région.

” Dans un premier temps, on est en train d’améliorer la capacité des autorités locales à fournir des données précises en travaillant avec leurs services de statistiques pour qu’ils puissent faire un dépistage réel et nous permettre de dresser un état des lieux suite auquel nous élaborerons des recommandations de politiques publiques qui doivent être appliquées en vue d’améliorer la situation des femmes dans les pays membres “, a-t-il dit.

Améliorer la manière d’entreprendre

Il s’agit, selon Kamal, d’un mécanisme de suivi régional qui fournit des données scientifiques pour soutenir la mise en œuvre de toute politique qui vise à promouvoir l’autonomisation de la femme et la question du genre dans la région.

Des appuis financiers pour améliorer la manière d’entreprendre étant un des indicateurs clés de l’autonomisation de la femme, l’UPM dirige plusieurs projets de soutien économique aux femmes méditerranéennes.

En effet, un récent projet a été lancé en partenariat avec Monaco pour le développement de l’industrie – micro, petite et moyenne entreprises – dans le domaine des produits cosmétiques. ” La valeur ajoutée n’est pas le projet en tant que tel mais la façon dont le projet est fait “, il s’agit, selon lui, d’améliorer la manière d’entreprendre auprès des femmes propriétaires de startups et de petites et moyennes entreprises.” Le montant alloué à ce projet est d’environ 1,35 millions d’euro “, a précisé Kamal.

Rendre les femmes plus compétitives…

En effet, ” nos projets peuvent être imités et multipliés par d’autres promoteurs locaux, régionaux et internationaux”. Les chargés de ce projet ont commencé à identifier des petites et moyennes entreprises gérées par des femmes. ” Cette année on commence avec 10 femmes productrices de produits cosmétiques ou ceux qui travaillent dans la chaîne de production cosmétique, à savoir les producteurs de huiles essentielles ou de produits naturels “, a-t-il indiqué.

Ce projet vise notamment à aider les femmes à mieux produire à travers les technologies, à se structurer pour pouvoir accéder à des capitaux et à augmenter leurs activités. ” Nous les mettons en contact enfin avec des marchés régionaux et internationaux pour les rendre plus compétitives et plus rentables “.

Dix Tunisiennes dans le groupe…

Dix femmes tunisiennes ont été sélectionnées pour bénéficier, dans une première phase, de ce projet. Face à la pandémie de Covid-19, l’UPM a aussi élaboré un autre projet d’un montant de 1,3 million d’euro pour aider les entreprise à faire face aux conséquences économiques qui en résultent.

” Il s’agit d’un projet qui vise à appuyer les entreprises pour faire face aux conséquences de la pandémie sur leurs rendement et les aider à créer des postes de travail “. Selon lui, 7 projets ont été sélectionnés dont 3 projets tunisiens.

11 millions de personnes menacées de perdre leur emploi en 2021

Kamal a rappelé que les études très récentes ont démontré que 700 000 femmes ont perdu leurs emplois depuis le début de la pandémie dans la région et 11 millions de personnes sont menacées de perdre les perdre d’ici fin 2021.

Il s’agit selon lui, d’initiatives à but non lucratif dans le domaine de création d’emploi. La liste des candidats retenus sera annoncée d’ici deux semaines.

L’Union pour la Méditerranée est une organisation intergouvernementale rassemblant quarante-deux pays d’Europe et du bassin méditerranéen : les vingt-sept Etats membres de l’Union européenne et quinze pays méditerranéens partenaires d’Afrique du Nord, dont la Tunisie, du Moyen-Orient et d’Europe du Sud-Est.