Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme en Tunisie s’est engagé à promouvoir et à encourager le respect des droits de l’Homme dans le pays, promettant d’aider la Tunisie à édifier, sur des bases solides et pérennes, une vraie démocratie.

Dans une interview accordée à l’Agence TAP, Elodie Cantier-Aristide, chef de Bureau du HCR en Tunisie, réagit aux troubles survenus récemment dans différentes régions du pays au cours desquels la police aurait recouru à des ” méthodes violentes ” pour réprimer des manifestations ” pacifiques ” et ” légitimes “.

WMC: La société civile accuse la police d’usage ” excessif de la force ” pendant ces manifestations. Comment commentez-vous ce constat ?

Elodie Cantier-Aristide: Effectivement, les informations que nous avons recueillies font état de ” violations massives ” des normes internationales relatives aux droits de l’Homme sur le terrain.

Il s’agit d’infractions liées aux procès, aux procédures de garde à vue et d’accès à la justice ainsi que des violences sur des personnes.

En tant que principale entité des Nations Unies en matière de droits de l’homme, le Haut-Commissariat s’engage à aider le gouvernement Tunisien à améliorer les pratiques envers les manifestants. Les jeunes qui étaient dans la rue n’ont pas fait part de revendications structurées.

En fait, la conjoncture est compliquée. Leurs revendications sont ” légitimes”.

Je pense que les incidents qui se sont produits, ces derniers jours, ont des origines multiples, enracinées dans l’histoire du pays récente aux richesses innombrables et aux opportunités réelles et multiples.

Quel est votre niveau d’engagement envers les jeunes et le gouvernement Tunisien ?

Le Haut Commissariat des Droits de l’Homme est présent en Tunisie depuis presque dix ans. Le 13 juillet prochain, nous fêterons notre 10e anniversaire. Le HCDH, dans le cadre de son mandat, continue à accompagner les institutions nationales, les partenaires de la société civile pour améliorer et renforcer le cadre de promotion et de protection des droits de l’Homme.

La Constitution de 2014 est une Constitution très emblématique dans la mesure où elle contient beaucoup de dispositions en faveur des droits de l’Homme. Notre mission est d’accompagner le processus d’harmonisation pour mettre le cadre législatif et les pratiques en conformité avec la Constitution tunisienne et les conventions internationales, ratifiées par la Tunisie.

Nous devons conforter le rôle de la société civile pour défendre et consacrer davantage la culture des droits de l’homme en Tunisie.

Les jeunes sont, depuis des années, l’un des groupes focus de nos activités. Ils méritent un soutien et appui continus. Nous œuvrerons à promouvoir leur créativité et les accompagner avec le concours des autres organismes onusiens concernés.

Avec les gouvernements qui se sont succédé, nous avons travaillé sur les droits humains, civiques, économiques, politiques, sociaux et culturels…

Le HCDH joue, en fait, un rôle crucial dans la sauvegarde de l’intégrité des trois piliers interconnectés des Nations Unies que sont la paix et la sécurité, les droits de l’Homme, et développement.

En Tunisie, il y a une très large gamme de questions relatives aux droits de l’homme qui sont toujours d’actualité. Il s’agit là de l’Etat de droit, de la redevabilité, des discriminations, du travail de la police, de la justice et des institutions qui permettent à l’Etat de fonctionner en conformité avec la Loi.

Aujourd’hui, plusieurs organisations internationales plaident pour la suppression de la dette de la Tunisie. Le HCDH peut-il aider dans ce sens ?

En 2017, le Rapporteur spécial des Nations unies sur l’impact de la dette extérieure sur les droits de l’Homme a effectué une visite en Tunisie et élaboré un rapport riche en recommandations et préconisations dans ce sens.

Pour le HCDH, les projets visant à réduire les dettes de l’Etat doivent être basés sur une approche des droits de l’Homme.

Le Haut commissariat est disponible pour contribuer au dialogue dans ce domaine, l’objectif étant de s’assurer que les investissements qui seront engagés dans le sens de la réduction de la dette à long terme, bénéficieront à l’ensemble des Tunisiens et que les programmes de développement soient aussi bien orientés en appui aux plus vulnérables.