” La classe politique en Tunisie est complètement absente face à la montée des mouvements sociaux pouvant entraîner une explosion de la situation dans le pays au cours des prochains mois “, a déclaré le président du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), Abderrahmen Hedhili.

S’exprimant lors d’une conférence de presse tenue, mercredi, au siège du Forum à Tunis, Hedhili a souligné que l’irresponsabilité politique risque d’avoir de graves conséquences sur le pays, indiquant à cet égard que les préoccupations du Président de la République, du Président de l’Assemblée des Représentants du Peuple et du chef du gouvernement sont loin des questions sociales brûlantes qui intéressent réellement les Tunisiens.

“Il y a une indifférence totale de la part du gouvernement envers le mouvement social, principalement les revendications des chômeurs et des sit-inneurs, qui ont eu recours à la perturbation de nombreuses activités économiques et productives pour attirer l’attention du gouvernement sur leurs conditions sociales précaires”, a-t-il ajouté.

Le président du Forum souligne que l’ampleur de la rupture entre l’élite et la société et l’incapacité d’associer les Tunisiens aux programmes urgents de sauvetage et de réforme ont incité le forum à exprimer ses préoccupations et à dénoncer l’absence de responsabilité politique.

Il considère que cette rupture avait conduit à une montée des protestations au cours des derniers mois, en plus du développement du phénomène de migration irrégulière (arrivées de 12.400 Tunisiens en Italie du début de cette année à la fin novembre dernier), selon les statistiques de la partie italienne. Il a souligné que l’augmentation du nombre des opérations de migration irrégulière est le résultat de l’échec des politiques de développement qui ont montré leurs limites, ajoutant que les personnes qui se sont lancées dans la migration irrégulière sont des jeunes qui ont abandonné l’école.

En moyenne, environ 100 mille personnes abandonnent l’école chaque année et sont issues de quartiers et de régions marginalisées et pauvres. Hedhili a, d’autre part, exprimé ses regrets face à la manière dont le président de la République et les gouvernements précédents et actuel ont traité la question de la migration irrégulière en l’absence de discussion équilibrée avec la partie italienne sur la question de l’expulsion des Tunisiens. Il a ajouté que la partie italienne a imposé ses conditions à la Tunisie en vertu d’un accord prévoyant l’expulsion de centaines de Tunisiens, (jusqu’à 600 personnes par mois).