La deuxième phase du projet PAMPAT (Projet d’accès aux marchés des produits agroalimentaires et du terroir en Tunisie – PAMPAT II), qui s’étale sur la période 2020-2024, se propose de soutenir la performance d’un certain nombre de chaînes de valeur des produits de terroir en Tunisie et accordera un appui particulier à la filière des grenades.

Les autres filières qui bénéficieront de cet appui sont les dérivés des dattes, les tomates séchées et la figue de barbarie (déjà soutenue pendant le PAMPAT I), étant donné leurs perspectives prometteuses en termes de création de la valeur ajoutée, d’accès aux marchés et de génération d’emplois dans les régions.

Une étude a ainsi, été menée en vue d’identifier des marchés cibles pour les différentes filières.

S’agissant de la filière des grenades tunisiennes, le responsable du secteur agricole et des industries agroalimentaires au CEPEX, Walid Ben Moussa, a indiqué que ” le choix de cibler ce fruit, n’est pas fortuit dans la mesure où la Tunisie se classe parmi le Top 10 mondial dans la production mondiale de grenades, avec des qualités supérieures en prime. Un rang qui n’est toutefois pas mis à profit malgré une progression constante des chiffres de la filière”.

” La production de grenades en Tunisie est estimée à 100 000 tonnes en 2020. Une grande partie de la production est réalisée par les régions de Gabès, Kairouan et Béja. Cependant, le chiffre des exportations a chuté de manière considérable, avec seulement 2 327 tonnes exportées en 2020, pour une recette de 4,8 millions de dinars, contre 8000 tonnes exportées en 2019 et ayant générées 15 MD “, explique-t-il.

Ben Moussa justifie ce déclin par ” la pandémie de la Covid-19 qui a affecté l’économie tunisienne et le commerce mondial et la situation en Libye qui accueille à elle seule 90% des exportations nationales de grenades. Par ailleurs, la filière souffre de l’absence d’une stratégie ciblée de promotion des exportations et d’un manque de communication autour des vertus du fruit “.

Une étude sectorielle a été lancée par le projet PAMPAT II pour mieux cerner le potentiel de cette filière.

La coordinatrice du projet, Nuria Ackermann, a souligné que “la Tunisie possède plus de 14 000 hectares de grenadiers cultivés, avec de nouvelles plantations qui sont en train d’être installées chaque année.

En même temps, on constate une hausse continue de la demande mondiale de grenades tant ce fruit présente des atouts pour la santé vu sa richesse en antioxydant, en vitamines et en oligo-éléments”.

Et de poursuivre “les opportunités offertes par le marché international sont très intéressantes, mais la Tunisie n’exporte que 10% de sa production totale. Partant de ce constat, nous avons effectué un travail participatif avec l’ensemble des intervenants, à travers des ateliers organisés dans différentes régions du pays, ce qui nous a permis d’identifier les défis et opportunités de la filière par rapport aux attentes des opérateurs du secteur. Grâce à ces ateliers, nous avons élaboré un plan d’action participatif pour les prochaines années”.

” Nous avons en plus essayé de comprendre les tendances du marché en réalisant une étude sur trois produits porteurs à savoir la grenade fraîche, le sirop de grenade et le jus de grenade. Nous avons ainsi, identifié cinq marchés intéressants, la France, l’Italie, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Russie, vers lesquels nous pouvant exporter pour peu que nous soyons conformes aux exigences de qualité et en développant une approche stratégique pour accéder aux marchés cibles “, indique-t-elle encore.

La responsable a aussi affirmé que ” le PAMPAT II accordera également, aux institutions tunisiennes un appui pour développer une stratégie nationale des produits du terroir et la mettre en œuvre dans deux régions pilotes de la Tunisie “.

Le PAMPAT II est financé par le Secrétariat d’Etat à l’Economie Suisse (SECO) et mis en œuvre en Tunisie par l’ONUDI en collaboration avec les ministères de l’Industrie et de l’Agriculture, l’APIA, le CEPEX, le Groupement des industries de conserves alimentaires (GICA), le Groupement interprofessionnel des dattes (GIDATTES) et le GIFRUITS.

La première phase du projet PAMPAT s’est étalée sur la période 2013 à 2019, et a permis l’obtention de l’Appellation d’origine contrôlée pour la figue de Djebba, la mise en place d’un label qualité “Food Quality Label”, pour la harissa tunisienne, la contribution au développement du secteur de la transformation des figues de barbarie ainsi que l’instauration du Concours tunisien des produits du terroir, inspiré du modèle suisse et qui a vu le jour en 2017.