On a toujours tendance à penser, à tort, que l’Afrique est un continent en retard, y compris dans le domaine digital, à l’exception de l’Afrique du Sud et les pays du Maghreb central.

On peut diviser l’économie en deux mondes, d’une manière pédagogique pour simplifier la démonstration.

L’économie physique, avec les secteurs de l’agriculture, l’industrie et l’infrastructure. De ce point de vue, le Nord et le Sud de l’Afrique disposent de certaines avancées, notamment dans les domaines de l’éducation, la santé, l’infrastructure et le développement humain.

A titre d’exemple, le taux de scolarisation des filles au Niger ne dépasse pas 20%, alors qu’il dépasse ales 95% au Maghreb.

Or dans cette économie, les investissements sont lourds et très importants et nécessitent plusieurs années pour donner un résultat tangible en matière de croissance.

Toutefois, l’arrivée des Technologies de l’information et de communication (TIC) a transformé la donne avec la disponibilité de l’infrastructure gratuite des opérateurs téléphoniques.

En effet, pas besoin de bâtir une infrastructure, ni de déployer des technologies, ni de mobiliser de grands capitaux, on va juste se greffer sur le réseau.

Il suffit de développer et d’héberger des services sur des cloud publics ou privés et de permettre aux usagers de s’y connecter et de servir.

L’Afrique (en tout cas certains pays du continent) a compris l’intérêt du raccourci technologique, avec un saut qualitatif. Des pays ne disposant pas de routes, d’une administration décentralisée, de services à proximité ont fait un saut dans la modernité de manière rapide.

Si au Maghreb la proximité bancaire, administrative, de santé, d’enseignement et de services a un sens, le réseau, le cloud et le digital ont été une aubaine pour l’Afrique subsaharienne.

La télésanté, l’enseignement à distance, les services à distance ne viennent pas pour remplacer des services existants, mais plutôt pour combler l’inexistant, le manquant.

A titre d’exemple, alors qu’en Tunisie on dispose d’un réseau en fibre optique de 40 000 kilomètres, permettant d’avoir du haut débit internet, un pays comme le Congo a opté pour le déploiement du réseau 5G dès 2021, car l’immensité du pays rend le fibrage non rentable et peu agile.

En outre, le constat est frappant : l’Afrique subsaharienne commence à combler son retard grâce au digital, car facile à déployer, rapide à mettre en place.

En effet, il faudra 10 millions de dollars américains pour construire 1 seul kilomètre d’autoroute, mais avec seulement 1 million dollars on peut mettre en place, en 6 mois, un portail de services administratif.

Bref, le manque de vision, l’absence de stratégie, la complexité des procédures d’achat, la culture du moins disant entravent le développement des technologies, en général, et le digital, en particuliers dans les pays du Maghreb.

Ce qui nous fait dire qu’il faudra se tourner vers l’Afrique au Sud du Sahara et compter avec elle, car c’est le continent du digital et de l’innovation en puissance.

Maarouf