“La crise actuelle du Covid-19 doit être l’occasion de repenser le système agricole et agroalimentaire tunisien, de le sortir de ses difficultés actuelles, de ses faiblesses structurelles et de le préparer pour l’avenir”, a indiqué Olivier Durand, représentant de la Banque mondiale en Tunisie. C’était lors d’un webinaire organisé à Tunis, vendredi 16 octobre, sur le thème “L’agriculture et la sécurité alimentaire face à la crise Covid-19”.

Durand estime impératif de faire valoir l’importance de ce système agricole, qui se présente aujourd’hui comme un moteur de développement, en mesure de soutenir l’économie du pays, d’assurer l’inclusion régionale, de renforcer le rôle de la femme, de réduire le chômage des jeunes…

Dans ce cadre, il appelle à concevoir une vision pour moderniser le secteur agricole tunisien avec refonte de la politique agricole. Cette vision doit se baser, obligatoirement, sur 4 axes.

Il s’agit de la résilience (opter pour des pratiques agroécologiques et agro-forestières, mieux valoriser les ressources en eau…), l’inclusion (soutenir l’inclusion économique des exploitations agricoles familiales, améliorer les conditions de travail de la main d’oeuvre temporaire…), la durabilité (accroître la productivité et la compétitivité des filières tout en ayant un impact positif sur l’environnement, explorer les opportunités d’emploi des jeunes…) et renforcer l’efficience (revoir la politique d’incitation, supprimer les monopoles publics et privés, revoir les restrictions à l’importation et à l’exportation…).

Parallèlement, il a recommandé de renforcer l’organisation des producteurs et des filières, en mettant en place des incitations à l’organisation professionnelle et en optant pour la promotion d’une coopération interprofessionnelle.

Il a appelé, aussi, à promouvoir l’assurance agricole, à prospecter de nouveaux marchés et à adopter de nouvelle formes de commercialisation numérique.

De son côté, Mohamed Amrani, représentant de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), souligne qu’il est nécessaire de développer une vision future pour améliorer l’efficience du secteur agricole, qui repose sur l’investissement, l’innovation et l’incitation.

Il a proposé, aussi, de maîtriser les fluctuations de l’offre, d’accélérer la transition digitale, de développer l’intelligence dans le domaine agricole et d’investir davantage dans la recherche et le développement.

Amrani indique que la FAO s’attend à ce que le nombre de personnes souffrant de la faim passe de 690 millions à fin 2019, à 820 millions à fin 2020, à cause de la pandémie du Covid-19.

Pour sa part, Hamed Daly, directeur général de l’Observatoire national de l’agriculture (OONAGRI) a souligné que les répercussions de la crise sanitaire sur le secteur agricole tunisien consistent, notamment, en la perte de postes d’emploi dans un nombre de filières, la baisse de la demande, essentiellement, en provenance des hôtels et des restaurants, en la perturbation de l’approvisionnement et la baisse de la production de quelques activités, notamment la pêche.

Ainsi, dix projets, représentant un investissement global de 110 millions de dinars (MD) ont été conçus, dont six ont déjà démarré, afin d’appuyer le secteur agricole tunisien, pour surmonter ces difficultés.

Ces projets visent le renforcement de la sécurité alimentaire, le soutien des filières les plus affectées, notamment les pêcheurs artisanaux et les petits producteurs, le renforcement de la surveillance, la digitalisation des systèmes alimentaires, la création de capacités de stockage additionnelle (céréales…)…

A noter que le webinaire a été organisé, par la FAO à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de l’alimentation (le 16 octobre 2020).