La Commission économique des Nations unies pour l’Europe (CEE-ONU) estime urgence de prendre des mesures transfrontalières et sectorielles afin de remédier à la dégradation du système aquifère du Sahara septentrional (SSAS) partagé par la Tunisie, l’Algérie et la Libye.

“Seule une vaste coopération intersectorielle permettra de lutter contre la dégradation du plus grand système aquifère du Maghreb/Afrique du Nord, a souligné l’agence onusienne dans un rapport publié mardi 29 septembre 2020 à Genève.

Le SSAS est la plus grande réserve d’eau souterraine d’Afrique du Nord. Elle représente l’équivalent d’une surface égale à presque deux fois la superficie de la France métropolitaine et recèle plusieurs centaines voire milliers de mètres de profondeur.

S’étendant sur les territoires algérien, tunisien et libyen en continu de l’Atlas saharien dans le nord jusqu’au Tassili du Hoggar au sud, ce réservoir d’eau souterraine compte parmi les plus grands du monde.

Il assure la vie et les moyens de subsistance de 4,8 millions d’habitants, selon la CEE-ONU.

Ressource vitale située dans un environnement très aride, le système aquifère est naturellement vulnérable en raison de sa faible recharge naturelle.

Pour faire face à cette vulnérabilité, la CEE-ONU recommande aux trois pays concernés de mettre en place un partenariat stratégique et une coopération intersectorielle et transfrontalière. Parmi les solutions à adopter, l’agence onusienne appelle à accroître l’utilisation des ressources en eau non-conventionnelles en recourant au dessalement, au traitement des eaux usées et au traitement ou à la réutilisation des eaux de drainage.

“Dans ce contexte, le déploiement simultané d’énergies renouvelables – l’énergie solaire en particulier – pourrait contribuer à créer des avantages majeurs pour les secteurs de l’eau et de l’énergie “, a déclaré le porte-parole de la CEE-ONU, Jean Rodriguez, lors d’un point de presse virtuel depuis Genève.

Dans le cas contraire, le manque de coordination entre l’eau et l’énergie peut entraîner des résultats négatifs, avertit la même source. Ainsi, si l’irrigation solaire à petite échelle est déployée ” sans une réglementation appropriée en matière d’eau et d’environnement, les pressions exercées par l’augmentation des prélèvements d’eau augmenteraient “.

Par ailleurs, le rapport recommande d’adopter un ensemble intégré de 15 solutions intersectorielles prioritaires. Celles-ci vont de la mise en œuvre de changements de gouvernance à l’adoption d’instruments économiques et politiques, en passant par l’investissement en infrastructures et l’innovation.

Depuis les années 1970, l’Algérie, la Libye et la Tunisie ont développé une coopération en matière d’échanges d’informations et de consultations qui permet d’éclairer la gestion de l’aquifère partagé, indique l’agence onusienne.