On ne peut jamais combattre le déclin d’une entreprise sans en connaître les symptômes. C’est une action nécessaire voire primordiale pour une analyse bien ciblée et réussie.

Les entreprises industrielles et autres activités pourraient se trouver dans une mauvaise situation économique pour plusieurs raisons, ceci peut dépendra aussi de la période de leur activité et/ou de leur taille. Mais ce qui est sûr, c’est que, avant qu’une entreprise ne se retrouve dans une situation de déclin, il y a souvent des symptômes annonciateurs lesquels attirent l’attention afin de prendre les dispositions appropriées.

Les symptômes du déclin d’une entreprise peuvent être  différents et multiples. On peut les classer comme suit :

– augmentation des dettes

– manque de liquidité

– comptabilité inadéquate

– absence de tableau de bord

– direction générale incompétente

– gestion verticale

– remplacement fréquent des responsables

– management autoritaire

– absence de suivi informatisé

– absence ou manque de stratégie

– diminution de part de marché

– manque d’intention stratégique

– absence d’innovation

– absence d’exportation

– manque de politique d’anticipation et de veille stratégique…

Bien entendu, l’industrie, d’une façon générale, exerce un effet d’entraînement sur l’économie nationale et, par conséquent sur la croissance et le développement économique.

Il a été constaté tout au long de l’histoire de l’industrialisation du pays que la politique industrielle a toujours été marquée par des décisions hâtives voire contradictoires dans certains cas. L’Etat a souvent hésité sur la stratégie à adopter, et même lorsqu’on en a adopté une, sa mise en œuvre fait défaut…

Depuis son indépendance, la Tunisie a choisi la politique industrielle verticale ou dirigiste qui fait encore foi. Le souci de l’Etat est le soutien direct des secteurs productifs. Et c’est ainsi qu’il a toujours financé les entreprises étatiques même en difficulté car le souci majeur est le maintien de la main-d’œuvre. L’objectif de cette politique est de pallier les horizons temporels et d’apporter en continu les liquidités qui manquent aux entreprises publiques dans plusieurs situations.

Donc l’Etat est devenu un investisseur important, alors que ce n’est pas son rôle, ce qui a conduit à la fragilité du secteur industriel.

Du coup, la seule solution qui s’impose c’est la privatisation des entreprises étatiques dont la situation financière empire de jour en jour. Cette politique est une fuite en avant.

Remédier à situation des industries tunisiennes passe en premier lieu par la mise en œuvre d’une nouvelle stratégie axée sur les secteurs à haute valeur ajoutée, sachant que le secteur industriel tunisien est souvent de type à faible valeur ajoutée qui emploie beaucoup de main-d’œuvre.

Il ne faut pas non plus oublier que l’Etat a soutenu certains secteurs dits faibles en vue d’amoindrir le chômage, mais ceux-ci sont devenus un fardeau… Les problèmes touchent tous les secteurs sans distinction ou choix.

La nouvelle disposition qui permet à une certaine mesure d’anticiper les difficultés qui peuvent surgir par et pour une cause ou une circonstance, consiste à réduire au maximum le retour des investissements, c’est-à-dire il faut avoir un TIR à taux élevé et un seuil de rentabilité très aisé. Fini les investissements sur les longues années. Tout bouge et tout change. L’investissement et son succès sont conditionnés par le choix du créneau ou par la création de ce créneau, encore invisible aux autres.

L’investissement à long terme a connu d’autres changements, lesquels vont de pair avec les futures données économiques du marché. Un investissement à long terme est basé obligatoirement sur une imagination claire, sur la portée et le devenir de l’industrie à choisir.

Combattre le déclin des entreprises afin d’éviter leur redressement ainsi que la perte des emplois n’est réalisable qu’avec un esprit industriel continuellement à la recherche de nouvelles voies d’industrialisation à haute valeur ajoutée et ayant un aspect innovant.

L’idée que l’industrialisation est une action principale et légitime pour le développement des pays ayant permis à certains pays d’en profiter en créant des partenariats (qui, dans plusieurs cas, étaient un frein pour le développement de certains pays, surtout quand il s’agit d’une coopération de sous-traitance, qui ne donne pas la possibilité à l’industriel du pays de mieux se développer…) a constitué l’une des causes de plusieurs mauvaises situations de quelques entreprises.

Cette attitude doit nous pousser à réfléchir vers quel type d’industrie et de partenariat faut-il s’orienter. Ne soyons pas naïfs : l’aide ou la coopération ne sont pas toujours faites pour la beauté de nos yeux, mais souvent pour servir les intérêts des partenaires…

Nouredine Ben Mansour, Dr.Ing.Gen., ex-ministère de l’Industrie