Discours pompeux. Promesses à la pelle… Notre administration semble imperméable au machin “digital”, comme l’aurait sans doute appelé un certain Général De Gaulle.

En effet, alors que la nécessité voire les impératifs du moment l’imposent suite à la crise du Covid-19 et ses corollaires (confinement, isolement et couvre-feu), l’administration tunisienne reste insensible à ce qui rendrait pourtant service aux citoyens: télétravail, dématérialisation des procédures administratives…

Des professionnels du secteur privé accusent: “compte tenu du confinement et de l’attention portée sur le combat contre le coronavirus, les instances publiques chargées des marchés publics, particulièrement la Commission supérieure des marchés publics, profitent soit pour reporter les projets digitaux, soit purement et simplement de les annuler”, nous dit-on.

Pour eux, c’est une mauvaise stratégie ne fera que freiner l’élan de la Tunisie, notamment de l’administration publique dans la course à la digitalisation.

Par exemple, on signale l’arrêt, depuis un mois, du lancement des projets TIC programmés pour l’année 2020 sur le portail des marchés publics (TUNEPS).

Même des projets initiés et en cours lancés fin 2019 ou début 2020 sont à l’arrêt sans que l’acheteur public statue sur la suite à donner à ces projets.

Pire, la Commission supérieure des marchés -qui est rattachée à la Primature- profite pour annuler la plupart des projets de digitalisation.

Pour étayer nos dires, il faut savoir que le ministère des Technologies de la communication et de la Transition numérique a lancé en 2019 un projet très ambitieux pour digitaliser tous les campus universitaires en Tunisie dans le cadre de sa stratégie “Tunisia 2020”.

L’un des projets intéresse le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et consiste à câbler toutes les universités et les campus en technologie en fibre optique. Il s’agit en quelque sorte de créer “une autoroute de l’information” pour l’enseignement supérieur et déployer un internet à haut debit pour tous les étudiants et pour l’enseignement.

Il s’agit donc d’un projet primordial et qui se justifie actuellement dans ce confinement où l’Université Publique Tunisienne se trouve dans l’incapacité de déployer un enseignement à distance.

Or, cet appel d’offres, lancé depuis une année et qui devrait voir le jour fin 2020, vient d’être annulé par la fameuse Commission supérieure des marchés publics pour un motif futile: “il aurait été plus logique de faire un seul lot pour le projet et non deux”.

Est-ce que le chef de gouvernement, son ministre des Grands projets ou ses ministres de l’Enseignement supérieur et des TIC sont au courant de cette annulation ?

En tout cas, qu’ils soient ou non au courant de cette annulation, c’est grave voire dramatique pour l’Université tunisienne, incapable qu’elle est d’avoir une infrastructure internet moderne.

Maarouf