Jour pour jour, voici 20 très longues années depuis que vous aviez été rappelé à Dieu, et 33 ans depuis que vous aviez quitté le palais de Carthage et le pouvoir.

L’anniversaire de votre disparition le 6 avril 2000 est plus que nostalgique cette année. Le Grand, l’inégalable, l’inoubliable Zaim Habib Bourguiba manque à la majorité écrasante de son peuple. Monsieur le président de la république paix à votre âme, les Tunisiens se sentent comme des orphelins.

Délaissés, marginalisés et livrés en quelque sorte à eux-mêmes, vos compatriotes commencent à perdre espoir en l’avenir. Les édifices que vous aviez bâties avec vos collaborateurs compétents et militants ont été attaqués et détruits progressivement.

L’éducation mais surtout la santé, la culture ont été relégués au second plan. D’ailleurs une crise sanitaire aiguë qui secoue notre Tunisie, celle que vous aviez pourtant dotée des moyens pour la prémunir des soubresauts de la vie, a permis à de nombreux tunisiens de passer en revue vos initiatives prospectives, votre clairvoyance et votre juste vision.

Et oui si Lahbib de nombreux charlatans et apprentis sorciers nous ont causé du tort. Le dinar est très mal évalué par rapport aux autres monnaies, les cadres dont nombreux furent formés dans les institutions que vous aviez créés tels les médecins, les ingénieurs fuient le pays, la Tunisie.

Devant les consulats de quelques pays, les tunisiens font la queue dans l’espoir d’émigrer pour trouver du travail et surtout la dignité pour laquelle vous aviez consacré votre vie.

La Tunisie est devenue méconnaissable. Les bandits et les mafieux font et imposent leurs lois à un Etat qui périclite sciemment car cela arrange quelques truands.

Le mercenariat et la traîtrise que vous détestez et méprisez sont devenus des lettres de noblesse. Bref la majorité des tunisiens attendent l’arrivée du sauveur, celui qui ait quelques unes de vos qualités notamment l’amour indéfectible à cette terre la Tunisie que vous aimez tant et qui traverse actuellement une mauvaise passe.

Nous n’avons pas perdu espoir car comme vous aimez le répéter dans vos discours, nous tenons et nous n’allons pas lâcher notre patrie.

Reposez en paix si Lahbib, le bourguibisme ne mourra jamais !

Ezzeddine Zayani, ancien diplomate