De talent et de passion. Mais également de la rage de vaincre les obstacles, de vivre l’aventure entrepreneuriale, et de faire bouger les frontières du possible. Les femmes entrepreneures en Tunisie montent au créneau.

Et de cinq pour les trophées des femmes entrepreneures de Tunisie. Mardi 25 février, dans la soirée, notre consœur Sahar Mechri Kharrat, directrice du magazine “Le Manager” organisait la cinquième édition de cet événement, qu’elle a porté à bout de bras.

Honorer les femmes entrepreneures reste une idée neuve et qui se bonifie avec le temps. La promotion des lauréates de l’année 2020 nous fait atteindre des performances de très haut niveau. Cette année, la compétition est montée d’un cran s’élargissant à sept filières et, par conséquent, 7 trophées attribués. Et le Jury n’a pas manqué de détecter la perle rare pour chaque secteur d’activité. Et, les lauréates possèdent des identités remarquables.

Un Jury engagé et des critères de sélection rigoureux

Sahar Mechri Kharrat a su enthousiasmer beaucoup de gens autour d’elles. Le Jury du concours est composé de figures engagées dans l’encadrement et l’accompagnement des jeunes entrepreneurs. Ces mêmes attributs s’appliquent au président du Jury, Habib Karaouli, PDG de Cap Bank.

Rappelons que Habib Karaouli est fondateur de Capsa Capital Partners, société de private Equity. Outre qu’il est familier de l’univers de la promotion des start up, lui aussi est une tête couronnée. En 2016, il a reçu le prix du banquier d’affaires décerné à Pékin par “l’International Capital Conference”.

Les projets mis en compétition sont examinés par le Jury avec une grille de six rubriques. Il y a d’abord l’originalité de l’idée. Il faut bien que les projets récompensés s’écartent des modèles répétitifs.

En second lieu, le Jury se prononce sur le profil de pérennité du projet. L’idée, si séduisante soit-elle, doit s’inscrire dans la durée et c’est bien légitime.

Le lieu d’implantation a également toute son importance car il s’agit d’abonder dans le sens de l’inclusion des régions. La finalité du concours est de diffuser la dynamique de l’entrepreneuriat dans les régions de l’intérieur.

Ensuite vient le critère de l’impact social. Il est bien naturel que l’on se soucie de cet aspect car la création de richesse doit s’accompagner de la création d’emploi. Enfin, il y a l’impact environnemental et sociétal, car les projets doivent porter l’empreinte du développement durable et c’est bien compréhensible.

Les nominées font un pitching de 20 minutes, et à l’issue de cette épreuve, le Jury retient la lauréate par filière.

L’entrepreneuriat : Un parcours encore plus difficile pour les femmes

Le mérite de cet événement est de rappeler que les femmes sont plus pénalisées que leurs homologues masculins. Et pourtant, les chiffres sont là. En dépit d’un environnement peu clément, les femmes font presque jeu égal avec les hommes. Les 2/3 des entreprises promues par les femmes survivent et se développent. Et cela vient souligner que le statut de femme entrepreneure est auréolé du sceau du mérite et de la témérité.

Elles sont vaillantes et battantes. Hédi Mechri, président du groupe de presse Promedia (L’économiste maghrébin, Le Manager) dans son adresse chaleureuse et émouvante, dira : «Les femmes entrepreneures ont changé la réalité de notre pays, leur temps et le nôtre».

Poursuivant sur la même lancée, Habib Karaouli, président du Jury, insistera sur la difficulté du parcours de l’entrepreneuriat, rappelant que «Pour le succès, il n’y a pas d’ascenseur, il faut prendre l’escalier». Toutes reconnaissent que le chemin est abrupt et ardu et que les pronostiqueurs ne leur accordent pas leurs faveurs, au départ. Et pourtant, leurs succès est éclatant. On retient celui de Lamia Amri, lauréate du secteur “Agri business“, fondatrice d’ECOM, projet d’extraction d’essences naturelles à l’écran, faisait fondre l’assistance. Il y a d’abord ses faits d’armes. Dès son démarrage, ECOM est en rapport d’affaires avec la ville de Grasse, métropole de la fabrication de parfums. Qu’est-ce que vous dites de ça ? Et tout cela s’est fait par la perspicacité de cette jeune entrepreneure qui a implanté un laboratoire sophistiqué en milieu paysan et qui a su projeter les femmes travailleuses dans l’univers de la chimie moderne.

Filmée dans le décor de Oueslatia, en pleine nature sur fond de forêt, Lamia dira que «je veux effacer l’image de la femme rurale, cette paysanne qu’on aperçoit, sur nos sentiers, affaissée par la charge du fagot de bois qu’elle transporte sur le dos, en ayant les bras chargés de récipients d’eau qu’elle va remplir à la source lointaine».

Comment ne pas saluer le courage de Anissa Meddeb, laquelle se fraie une voie dans la mode en mixant des styles aussi éloignés que celui japonais avec le tunisien. En bout de course, l’aventure est reconnue comme prometteuse qu’elle sera l’invitée du Fashion week, tenez-vous bien, de Londres.

Pareil pour Fatma Samet, lauréate pour l’artisanat, l’aînée de la compétition, déclarée «Femme entrepreneure de l’année» qui casse les codes de l’artisanat régional et s’en va au départ de son fief natal, Kerkennah, à l’appel du large.

Toutes ont triomphé des inerties, à leur manière. Rompre les chaînes du servage et du minorat, pour les femmes par l’engagement sur la voie de l’entrepreneuriat n’est pas un mince challenge.

Voilà, elles ouvrent la voie de leur délivrance et dans le même temps de l’émancipation de notre cadre national. Ce faisant, elles forcent la reconnaissance, et cet événement leur fait gravir les marches du podium et valide leur combat méritoire et méritant.

Des lauréates fantastiques et des sponsors généreux

“Femmes entrepreneurs de Tunisie“ a pris son envol et le concours a pris une dimension d’envergure nationale. Plusieurs ministres ont tenu, malgré la fin de leur mandat, à témoigner par leur présence la nécessité d’appui une initiative qui milite en faveur de l’émancipation de la femme et par-delà de notre espace économique national.

Les PDG de tous les sponsors, enseignes nationales de premier plan, étaient de la fête également. Nous reproduisons ci-après la liste des lauréates et des sponsors qui les ont récompensées.

Anissa Meddeb, lauréate catégorie industrie, a reçu le prix BH.

Fatma Samet, catégorie artisanat, prix ATB.

Ibtissem ben Ahmed, catégorie services, prix CDC.

Nadia Essid, catégorie talents en devenir, prix STB.

Souad Dziri, catégorie santé, prix Promedia.

Zohra Gaddes, catégorie “Ed tech”, prix STAR.

Lamia Amri, catégorie Agribusiness, prix SNDP Agil.

Rendez-vous est pris pour l’année 2021, avec beaucoup de suspense et de curiosité que nous accompagnons de tous nos vœux de succès.

Ali Abdessalam