Avant le vote de confiance à l’Assemblée, empressons-nous de faire une petite lecture du gouvernement de Habib Jemli, promis depuis des semaines et qui plus est devait être un “gouvernement de compétences nationales indépendantes“.

Analysons point par point

D’abord, le gouvernement annoncé jeudi 2 janvier 2020 par Habib Jemli compte 28 ministres et 14 secrétaires d’Etat. Soit une “équipe“ de 42 membres. A titre de comparaison, la Chine, avec une population de 1,386 milliard d’habitants en 2017 (chiffre de Banque mondiale), possède un gouvernement de 25 ministres auxquels s’ajoutent 4 vice-Premiers ministres, 5 Conseillers d’Etat et 1 Secrétaire général du Conseil des Affaires d’Etat. Soit un total de 35 membres.

A partir de ce pléthore, nous déduisons que soit les noms proposés ne sont pas suffisamment “compétents“, soit leur choix n’obéit pas à “l’indépendance“, et ce même si Jemli a déclaré avoir «… formé le gouvernement sur la base de la compétence et des enquêtes sur tous les noms qu’il a proposés», et que «les ministres proposés sont tous indépendants et répondent aux critères qu’il a fixés».

Un trop plein qui risque, peut-être, de faire foirer son projet. Nous pensons notamment au ministère de la Santé, où on a un ministre du domaine à qui on a flanqué une secrétaire d’Etat qui n’est pas du domaine.

Ensuite, venons-en justement à l’“indépendance“ des ministres et secrétaires d’Etat proposés.

Avant d’aller loin, Habib Jemli lui-même, peut-on dire qu’il est indépendant et compétent ? La réponse ne souffre d’aucune équivoque, c’est non. Compétences qui reste à prouver et une dépendance logique au parti qui l’a désigné.

D’ailleurs, le fait même qu’il n’a pas su former un gouvernement partisan montre qu’il a manqué de tact –et c’est encore plus grave.

Ajouter à cela le fait qu’il ne sait pas calculer un pourcentage: à plusieurs reprises ces derniers jours, Habib Jemli a affirmé que le gouvernement sera composé de 40% de femmes. Alors, de deux choses l’une, soit il a volontaire menti sur ce chiffre, soit il n’a pas pu nommer les femmes qu’il voulait. Mais dans les deux cas, c’est un échec qui prouve, encore une fois, qu’il est “incompétent” et “dépendant”.

Donc, plusieurs noms qu’il a proposés ne sont pas indépendants. En fait, le problème réside moins dans l’indépendance ou la compétence de l’équipe annoncée que dans les déclarations de Habib Jemli, notamment soulignant entre autres que «les ministres proposés sont tous indépendants et répondent aux critères qu’il a fixés».

Car, il peut y avoir -et il y en a- de compétences au seins de certains partis politiques, il n’y a pas de mal à ça, mais quand ils sont nommés dans un gouvernement, ils doivent servir la nation, rien d’autre. Jemli aurait dû se contenter de dire “je forme un gouvernement de compétences nationales”. Point final.

TB