Face à l’émiettement des forces parlementaires et à l’impossibilité probable des deux premiers vainqueurs des élections législatives, en l’occurrence Ennahdha et Qalb Tounès de former un gouvernement, de nombreux hommes politiques, experts et autres analystes proposent, par médias interposés et leurs pages Facebook, des pistes à explorer pour débloquer la situation.

Ghazi Chaouachi, secrétaire général du Courant démocrate, propose la constitution d’un “gouvernement de salut national“ composé de compétences indépendantes et tenu de mettre en œuvre une feuille de route à laquelle souscriraient tous les partis élus.

Intervenant, dans la soirée du dimanche 6 octobre 2019 sur la chaîne privée El Hiwar Ettouni, Mohamed Abbou, candidat malheureux à la présidentielle anticipée du 15 septembre dernier et fondateur du Courant démocrate (Ettayar), a révélé que son parti restera dans l’opposition.

Traduire : Ettayar n’intégrera aucune coalition gouvernementale.

Ryadh Sidaoui, politologue basé en Suisse, n’a pas exclu une alliance d’opportunisme entre les deux premiers partis vainqueurs, à l’instar de ce qui s’était passé en 2014, entre les partis Nidaa Tounès et Ennahdha qui étaient pourtant des ennemis jurés.

Le scénario de nouvelles élections législatives est possible

Pour sa part, Slaheddine Jourchi, analyste politique, a estimé que les scénarios selon lesquels les deux premiers partis vainqueurs ne seraient pas en mesure de former, dans les délais réglementaires, un gouvernement conformément à la Constitution du pays, ne manquent pas d’enjeux pour le pays.

Concrètement, il pense que de tels scénarios pourraient conduire à l’organisation de nouvelles élections législatives anticipées. « Ce scénario est possible », a-t-il dit.

Quant à Abdellatif Hannachi, historien et politologue, il considère que la difficulté que pourraient rencontrer les deux premiers partis vainqueurs à former un gouvernement peut être contournée par l’intervention d’autres parties pour débloquer la situation.

Parmi ces parties, il a cité le récent quartet composé de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA), de l’Ordre national des avocats (ONAT) et de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH).

Le quartet pourrait, selon lui, proposer un gouvernement de technocrates et éviter au pays les risques d’instabilité politique.

Le quartet pourrait intervenir

De son côté, Borhane Bsaies, chroniqueur sur la chaîne privée Ettassiaa, a indiqué lundi 7 octobre 2019, sur sa page Facebook, que des tractations sont en cours pour désigner à la tête du futur gouvernement une personne indépendante.

Par-delà ces propositions et révélations, il faut reconnaître que la Tunisie est en butte à un véritable problème. Elle risque d’amener le président de la République en exercice à dissoudre le Parlement et à convoquer de nouvelles élections législatives comme le prévoit l’article 89 de la Constitution.

Cet article stipule, en substance, qu’au cas où les membres de l’Assemblée des représentants du peuple n’accordent pas la confiance au gouvernement, le président de la République peut décider de la dissolution de l’Assemblée des représentants du peuple et l’organisation de nouvelles élections législatives dans un délai d’au moins quarante-cinq jours et ne dépassant pas quatre-vingt-dix jours.