Le premier débat électoral d’une série de trois, organisé par l’Etablissement de la télévision tunisienne (ETT), et diffusé en même temps avec une dizaine d’autres chaînes, dans la soirée de samedi 7 septembre 2019, n’a pas tenu ses promesses. Parce que les questions posées par les deux journalistes, Elyes Gharbi et Asma Bettaieb, n’étaient pas percutantes.

Ensuite parce qu’il s’est avéré dès le début que le débat n’allait pas atteindre l’objectif qui lui était assigné : permettre aux téléspectateurs de pouvoir comparer les candidats à l’élection présidentielle pour saisir les qualités et les défauts, les forces et les faiblesses de chacun d’entre eux.

Pour deux raisons au moins. D’abord, les candidats étant invités à répondre à des questions différentes, la comparaison et la contradiction, ingrédient absolument nécessaire dans ce genre d’exercice, était tout bonnement et respectivement impossible et absente. Et à supposer qu’on ait pallié ce problème, la comparaison n’avait véritablement de sens pour le téléspectateur/électeur que si elle se déroulait entre les candidats les plus «sérieux», c’est-à-dire ceux auxquels les sondages prêtent les chances les plus sérieuses, sinon d’être élus, du moins de passer au second tour.

Or, les organisateurs des trois débats électoraux ont fait le –mauvais- choix de répartir ceux-ci entre les trois groupes.

Ensuite, le nombre des participants –huit- est trop élevé pour que les échanges entre les candidats soient suffisamment denses et percutants pour permettre aux Tunisiens d’être mieux outillés pour mieux les connaître et être en mesure de faire un choix éclaire le 15 septembre. Quatre aurait été pour cela un nombre maximum et optimal.

De même, le temps -90 secondes- accordé aux candidats pour répondre à une question est trop long. 60 secondes –à condition que la personne concernée soit capable de les utiliser à bon escient- auraient largement suffi.

En outre, en ne donnant pas la possibilité aux téléspectateurs –aussi concernés par le débat électoral et son issue que les candidats eux-mêmes- de poser des questions, les organisateurs ont encore réduit l’intérêt et l’utilité de cet exercice.

C’est vrai qu’ouvrir le micro aux téléspectateurs n’est pas facile. Pour éviter les dérapages, les questions ne peuvent pas et ne doivent pas –du moins dans un premier temps- être diffusées en direct, mais collectées et organisées.

Bien sûr, il est difficile de les poser toutes aux candidats –surtout que, le cas échéant, il y en aurait certainement eu des dizaines, voire des centaines. Mais on pourrait publier celles qui n’auront pas été posées sur les sites web des chaînes de télévision pour renseigner sur les sujets et les questions qui intéressent et inquiètent le téléspectateur.

Enfin, en faisant preuve d’un peu plus d’imagination, ceux-ci auraient pu, au contraire, en augmenter fortement l’un, l’intérêt, et l’autre, l’utilité. Permettre à chaque candidat de poser une question à chacun de ses concurrents n’aurait-il pas pimenté le débat ?

Moncef Mahroug