Akinwumi Adesina appelle les entreprises africaines à investir dans la jeunesse africaine

Le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, qui s’exprimait lors d’une table ronde organisée à l’occasion du Forum de l’entrepreneuriat de la Fondation Tony Elumelu (TEF) à Abuja au Nigeria, a lancé un appel à l’intention des investisseurs, des dirigeants politiques et de la communauté des entreprises du monde entier afin qu’ils « se risquent à investir des capitaux dans la jeunesse en Afrique ».

Selon lui, il est temps que les gouvernements africains amorcent une transition dans les initiatives visant l’autonomisation des jeunes vers des investissements dans la jeunesse.

Quant à la table ronde proprement dite, dont les débats ont été animés par le journaliste de CNN, Fareed Zakaria, il s’agit de l’un des principaux événements du plus grand rassemblement d’entrepreneurs que l’Afrique n’ait jamais connu.

Parmi les personnalités présentes, figuraient les présidents du Rwanda, Paul Kagame, de la RD Congo, Felix Tshisekedi, du Sénégal, Macky Sall, et du vice-président nigérian, Yemi Osinbajo.

Dans son intervention, Adesina a proposé la création de banques dédiées à l’entrepreneuriat et l’investissement des jeunes pour répondre aux besoins croissants et urgents des jeunes entrepreneurs. «Une banque où l’on voit des actifs, pas des passifs, qui croit aux jeunes et leur fait confiance», a-t-il déclaré.

En outre, le président de la BAD a appelé à une diminution des risques des prêts accordés aux entreprises dirigées par des jeunes.

D’ailleurs, c’est ce qui incité Tony O. Elumelu à créer la Fondation Tony Elumelu (TEF) en vue d’aider les entrepreneurs africains à supprimer les obstacles auxquels les jeunes sont confrontés lorsqu’ils étendent et développent leurs start-up pour les transformer en petites ou moyennes entreprises (PME), leurs PME en entreprises qui contribuent à la croissance nationale, et leurs entreprises nationales en multinationales africaines.

La Banque a dirigé les efforts qui ont été déployés à l’échelle du continent afin de créer des emplois pour les jeunes et d’améliorer leurs moyens de subsistance. Elle a approuvé 7,5 millions de dollars destinés à financer les organisations de soutien aux entreprises telles que la Fondation TEF et d’autres incubateurs et accélérateurs d’entreprises, ainsi que des institutions financières.

Le programme d’entrepreneuriat de la Fondation TEF correspond également aux objectifs de la Banque africaine de développement, dont la “Stratégie pour l’emploi des jeunes en Afrique“ vise à aider les pays africains à créer 25 millions d’emplois et à autonomiser 50 millions de jeunes d’ici 2025.

Selon plusieurs jeunes entrepreneurs sélectionnés pour participer au programme de cette année, ce sera un outil efficace, entre autres, pour créer et développer des conglomérats possédés par des Africains. « Ce qui importe, c’est la contribution. Vous avez beau avoir tout l’argent nécessaire, sans la contribution, personne ne se souviendra de vous. Nous espérons que la Fondation Tony Elumelu et ses partenaires tels que la Banque africaine de développement sont sur la bonne voie pour bâtir notre continent », a déclaré William Agou-Wuoi, un jeune Sud-soudanais de 26 ans.

A noter que Adesina a tenu une réunion avec des dirigeants d’entreprises nigérians, au cours de laquelle lui-même et Tshisekedi ont appelé à la réalisation d’investissements pour la République démocratique du Congo, notamment dans le secteur de l’électricité du pays.

En effet, la RD Congo, qui produit environ 50% du cobalt du monde, possède également de grandes quantités d’autres ressources naturelles, y compris de l’or, du pétrole et du cuivre, dont la plus grande partie n’a pas encore été exploitée. Selon une étude de 2009, les ressources minérales du pays représentent 24 000 milliards de dollars.

Adesina a mentionné en particulier le projet d’hydroélectricité Inga de 100 000 MW en République démocratique du Congo, indiquant qu’il pourrait répondre aux besoins énergétiques du continent et accélérer les échanges commerciaux et le développement, comme le prévoit l’accord de la Zone de libre-échange continentale africaine.

Le projet correspond également à la priorité des High 5 de la Banque «Éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie. Si nous pouvons aider la République démocratique du Congo à libérer le potentiel d’Inga, alors l’Afrique en bénéficiera», a-t-il souligné.

Quant au chef d’Etat de la RD Congo, il a annoncé que son gouvernement envisageait d’accueillir des entreprises qui cherchent à investir dans son pays, notamment par l’instauration d’un système de visas à l’arrivée. « Je suis convaincu que, dans les dix prochaines années, l’Afrique sera une grande puissance, non pas en termes de force militaire, mais sur le plan économique».