Dix-sept ans après la Déclaration de Ouagadougou, qui devait marquer un accroissement de l’engagement de la Banque Islamique de Développement, l’Afrique ne figure pas en tête des priorités de cet établissement. Mais les choses sont peut être en train de changer.

«La Banque islamique de développement (BID) s’implique de plus en plus en Afrique». Ce témoignage du représentant en Afrique du Nord d’un organisme onusien n’est nullement exagéré. Les faits attestent de l’intérêt croissant de cette institution pour les pays africains. En effet, sur les cinq dernières réunions annuelles de la BID, trois se soient tenues –y compris la 44ème (Marrakech, 3-6 avril 2019)- sur le sol africain (voir encadré).

En outre, il n’est pas insignifiant que sur les onze bureaux de la banque, cinq s’y trouvent aussi (Abuja, Le Caire, Kampala et Rabat).

Mais le focus de la Banque islamique de développement ne date pas d’aujourd’hui. Il a commencé à prendre forme, timidement au débuté, il est vrai, depuis près de vingt ans.

De fait, c’est en octobre 2002 que cette institution envoie un premier signal fort en direction du continent africain en publiant une «Déclaration de Ouagadougou sur la coopération avec l’Afrique».

Les gouverneurs de la BID y ont fait le constat que «malgré l’assistance apportée par les pays membres et la communauté internationale aux pays africains», et celle de la Banque islamique de développement qui «leur a consacré 60% de ses financements concessionnels», la plupart d’entre eux courent le risque d’être marginalisés dans l’environnement global». Et ont tiré la conclusion qu’il «est devenu nécessaire de rationaliser et de renforcer cette coopération en vue d’un surcroît d’efficacité et de résultats efficients à l’avenir».

La BID a-t-elle réussit à relever ce défi? Non. Tout en soulignant que sur le financement total du Groupe de la BID (130,8 milliards USD) jusqu’à la fin du troisième trimestre 2017, 21,7 milliards USD sont allés à l’Afrique subsaharienne, la banque reconnaît que celle-ci demeure confrontée à la pauvreté -malgré «des progrès significatifs»-, à un énorme déficit d’infrastructures, à une grande faiblesse de la gouvernance et des capacités institutionnelles, etc.

Certains imputent la responsabilité de cette situation à la BID elle-même. Comme ce patron d’un grand bureau d’études africain travaillant régulièrement sur des projets financés par des bailleurs de fonds multilatéraux qui reproche à la Banque islamique de développement d’investir plus dans le commerce que dans les projets de développement. Une affirmation que ne partage pas Aïchatou Boulama Kané, ministre du Plan du Niger. «Non, c’est faux. La preuve en est qu’un barrage est en train de se construire au Niger, grâce à un financement de la BID et d’autres bailleurs de fonds arabes. Nous avons également un projet d’électrification rurale dans le solaire, en collaboration avec le Royaume du Maroc. Nous travaillons également sur les chaînes de valeur de la filière du riz. La santé maternelle et infantile. Ce sont là des domaines de développement dans lesquels la BID intervient», énumère celle qui est aussi membre du Conseil des gouverneurs de la banque.

 

M.M.