Après une ouverture consacrée comme à l’accoutumé au quatrième art avec une présentation de la pièce ” Messages de liberté “, le théâtre de plein-air de la mythique scène du Centre culturel international de Hammamet, fut investie par la formation musicale du groupe d’Aziz Sahmaoui et University of Gnawa.

C’est devant un public cosmopolite que ce prodigieux musicien, qui mène l’un des meilleures formations de l’époque, a présenté à son auditoire un bouquet de ses chansons connues à l’instar de “Maktoob”, “Toujours”, “Pauvres”, “Jilala”, “Nuria”, “Soudanaises” et d’autres tubes qui ont conquis un public formé de Tunisiens, d’Algériens, de Marocains et même de Français.

Ces airs, qui ont restitué les rythmes festifs des tribus africaines, ont rappelé par la musique, la coexistence qui a toujours marqué arabes, amazighes et africains au Maroc. Ils ont fait monter l’adrénaline d’un public en transe et ému par les paroles et envouté par les rythmes.

L’interconnexion du public fut si forte au point que l’artiste a joué des chansons improvisées qui n’étaient pas au programme telles que “Sidi Mansour” dans un partage réciproque avec les festivaliers lors d’une soirée assez spéciale marquée par la victoire des équipes tunisienne et algérienne pour la Coupe d’Afrique des Nations.

La troupe “University of Gnawa”, porte aussi un pan entier de l’histoire musicale méditerranéenne qui confronte l’essentiel des musiques populaires du Maghreb à celles des plus électroniques y sculptant dans le boyau de nouvelles sonorités à la peau tannée.

Grâce à ce métissage cosmopolite, des instrumentistes français, sénégalais et maghrébins, qui forment avec lui, l’University of Gnawa, ont déployé une musique dont la transe en est le ferment. Ce n’était pas une simple jolie architecture pleine d’arabesques mais un rock band venu du Sud.

Lors d’une conférence de presse tenue après la soirée de deux heures, Sahmaoui a manifesté sa grande joie de la réaction du public et de son come-back en Tunisie pour jouer au théâtre en plein air d’Hammamet, tout en exprimant son attachement à un Maghreb arabe uni, qui s’illustre au moins, à l’échelle des peuples.

La soirée a été une sorte d’ode à la vie et à l’attachement aux valeurs universelles de paix. La musique jouée fut un mélange de paroles profondément enracinées dans la tradition orale de l’Afrique subsaharienne et de mélodies mélancoliques inspirées par le soufisme, qui rappellent le jazz et le blues américains qui élèvent l’âme.

C’est cette fusion entre soufisme et modernité qui a produit une expérience esthétique unique rejetant l’extrémisme et soutenant les valeurs d’une humanité partagée et représentant un ” pont ” de dialogue avec l’Occident.